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Question unique et plurielle.

Camille Acristem
Moussaillon
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Question unique et plurielle.

Messagepar Camille Acristem » mer. 18 avr. 2012, 22:55

Bonsoir.

Je suis complètement fasciné par le Parti Pirate depuis que je sais qu'il existe à l'étranger. Au sens où il cristallise à mes yeux une démarche citoyenne proche des Anonymous, des Indignés, du Rousseauisme ; bref de regards sur la société qui me plaisent, et de façons de l'aborder avec lesquelles je me sens mieux que ce que l'on connaît. Je revendique dès que je peux comme la Démocratie n'est pas la fin du parcours d'une invention de Régimes, et comme l'Humanité peut aller plus loin. Mais la Démocratie est devenue le meilleur Régime de manipulation des masses et de leurs canalisations par une élite financière (qui a toujours existé). Au titre de meilleur Régime de manipulation des masses se retrouve la capacité à inféoder les masses à leurs dépenses, c'est-à-dire à leurs appétits. En décuplant ces appétits par la publicité, on leur pose un joug impossible à enlever, puisqu'ils sont les premiers défenseurs du système qui les esclavagise. Bon, ceci étant dit de ma motivation à participer à ce mouvement, voilà où je veux en venir.

Je n'ai aucune identité, et ne cherche pas à en avoir, au sens d'une affinité avec les pensées libertaires. Le Seigneur des Anneaux, hein : "Mais le coeur des hommes est aisément corruptible". Deux solutions pour limiter la balafre du pouvoir sur la raison de tout Homme : le Roi-philosophe d'une part (Anakin Skylwaker pour les modernes) qui connaît le risque de mal tourner, et d'incarner le Mal pour concentrer les efforts du Bien contre la clef de voûte qu'il représente ; l'acratie d'autre part. Les deux sont des utopies (Platon pour la première, et une certaine quantité d'écrivains hommes ou femmes du XIXe en Europe pour la seconde). Aucune n'est réalisable. La vision de Rousseau proposait un État où chaque individu garderait sa parcelle de pouvoir politique au sein de la Démocratie ; on a longtemps dit que c'était impossible dans un Pays comme la France, dans la mesure où Jean-Jacques Rousseau parlait d'une cité-État (si l'on veut) comme Genève, ville Suisse. Pourtant, avec Internet, cela ne deviendrait-il pas possible ? Je vous renvoie au film peut-être naïf mais très intéressant sur le plan conceptuel, 8th Wonderland.

Je ne suis personne comme je vous le disais : mauvais étudiant, j'ai un job dans un Mac Donald's, j'écris mais personne ne me lit, je lis énormément, j'ai vingt-trois ans et mon cercle social est assez réduit. L'idée étant donc que je ne revendique rien, à la base. J'ai renoncé à être publié en recevant les refus à mon premier roman, depuis ma copine et mes deux potes me lisent et ça me va très bien. Je viens de terminer ce qui aurait pu être un sujet de master sur l'élégance, intitulé Dandysme, et qui parle notamment, en dernier chapitre et comme lieu d'aboutissement de l'ensemble des réflexions, du Parti Pirate, de Wikileaks, Anonymous et l'apparition d'un nouveau modèle citoyen issu du véhicule "geek". Je viens enfin à ma question.

Quelle posture a le Parti Pirate en France ? Outre les trois axes fondamentaux, dont j'ai lu le descriptif, que je plussoie (ah ah) largement, quelle est la posture philosophique, éthique, humaniste et sociale du Parti Pirate ? En a-t-elle une ? À Berlin, ils me semblent plutôt à gauche, plutôt écologistes, mais aussi plutôt libéraux, c'est-à-dire qu'ils dénotent de toute case possible.

Merci de m'avoir lu et infiniment désolé du pavé.

Bien à vous.
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Democratia
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Re: Question unique et plurielle.

Messagepar Democratia » mer. 18 avr. 2012, 23:46

Ce fut un plaisir de vous lire.

Pour ces différentes questions, je me permets de vous diriger vers la contribution d'un pirate qui aime aussi les pavés et qui reprend presque point par point vos interrogations :
presentation/presentation-socio-t7483.html
Je vois que vous exprimez sur de nombreux sujets, ce sera un plaisir de partager quelques mots cicelés.
Et petite précision, au début de votre paragraphe vous parliez de démocratie mais la définition que vous en faisiez ne correspondait pas du tout à ce systeme politique, en avez vous conscience ? identite/une-reelle-democratie-t6827.html
Les grandes oeuvres se distinguent par leur accessibilité, car elles n'appartiennent pas au patrimoine de quelques élus, mais à celui de tous les hommes doués de bon sens.

Une question idf :
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pers
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Re: Question unique et plurielle.

Messagepar pers » jeu. 19 avr. 2012, 03:03

On demande une livraison de pavé ? :-p

Bonjour et bienvenue (faites attention à votre syntaxe, il n'est pas toujours évident de vous suivre),

Camille Acristem a écrit :Mais la Démocratie est devenue le meilleur Régime de manipulation des masses et de leurs canalisations par une élite financière (qui a toujours existé).


Cette vision me semble un peu simpliste. La classe dominante (je préfère ce terme à celui d'élite) n'est pas un bloc homogène, il convient par exemple de distinguer ceux qui détiennent le pognon de ceux qui détiennent le savoir. Alors, que le pouvoir économique permette de s'acheter à peu près tous les autres pouvoirs (y compris judiciaire), c'est très possible ; cependant il faut comprendre que cela passe par des rapports de force et des jeux d'intérêt qui *peuvent* se trouver remis en question. (Il suffit de voir de quelle façon, par exemple, le discours médiatique dominant est passé d'un abrutissement sarkozyste à un abrutissement hollandiste -- certes la doxa de fond ne change guère, mais cela montre qu'il _existe_ des fluctuations.)

Camille Acristem a écrit :Je n'ai aucune identité, et ne cherche pas à en avoir, au sens d'une affinité avec les pensées libertaires.


Je n'ai pas la moindre idée de ce que signifie ce mot. (En tout cas de ce qu'il signifie pour vous : c'est un de ces mots auquel chacun fait dire des choses différentes.)

Camille Acristem a écrit :le Roi-philosophe d'une part (Anakin Skylwaker pour les modernes) qui connaît le risque de mal tourner, et d'incarner le Mal pour concentrer les efforts du Bien contre la clef de voûte qu'il représente


Dans ce cas votre lecture de la Guerre des étoiles est sensiblement différente de la mienne. Anakin Skywalker est un _enfant_ roi, qui se retrouve propulsé au centre de l'attention et des enjeux politiques parce qu'il est l'instrument de luttes d'influences. Et en tant qu'enfant, il est gouverné par ses passions et non par sa raison : « fear leads to anger... anger leads to hate.. hate leads to suffering ». Je ne crois pas qu'il se pose à aucun moment en bouc émissaire volontaire (j'entends ici bouc émissaire au sens historique, à savoir une représentation corporelle du diable). Ni qu'il ait choisi d'« infiltrer » le camp du mal en se corrompant lui-même, comme Lorenzaccio.

Camille Acristem a écrit :l'acratie d'autre part. Les deux sont des utopies (Platon pour la première, et une certaine quantité d'écrivains hommes ou femmes du XIXe en Europe pour la seconde).


Je ne suis pas sûr d'avoir saisi la transition de George Lucas à Platon. Qu'entendez-vous par "acratie" ? Une société sans pouvoir, à la Proudhon ? Dans ce cas pourquoi n'employez-vous pas le terme anarchie ?

Camille Acristem a écrit :Aucune n'est réalisable.


C'est votre avis. Mais les auteurs dont vous parlez ne l'entendaient probablement pas ainsi. (Et d'abord, Anakin Skywalker il est réel, hein ?)

Camille Acristem a écrit :La vision de Rousseau proposait un État où chaque individu garderait sa parcelle de pouvoir politique au sein de la Démocratie ; on a longtemps dit que c'était impossible dans un Pays comme la France, dans la mesure où Jean-Jacques Rousseau parlait d'une cité-État (si l'on veut) comme Genève, ville Suisse.


Ou la Corse.

Camille Acristem a écrit : Pourtant, avec Internet, cela ne deviendrait-il pas possible ?


Internet n'est pas une solution pour l'avenir de la démocratie. C'est un outil d'information et de communication précieux, mais il ne permet pas de scrutin démocratique digne de ce nom (transparent, vérifiable, et surtout à bulletin secret).

Camille Acristem a écrit :J'ai renoncé à être publié en recevant les refus à mon premier roman, depuis ma copine et mes deux potes me lisent et ça me va très bien.


Le milieu de l'édition ne prend plus aucun risque aujourd'hui. Vous avez sûrement déjà songé à l'auto-édition, par exemple en ouvrant votre propre site web et en passant par un prestataire d'impression à la demande ?

Camille Acristem a écrit :Je viens de terminer ce qui aurait pu être un sujet de master sur l'élégance, intitulé Dandysme, et qui parle notamment, en dernier chapitre et comme lieu d'aboutissement de l'ensemble des réflexions, du Parti Pirate, de Wikileaks, Anonymous et l'apparition d'un nouveau modèle citoyen issu du véhicule "geek".


Je doute que l'élégance soit une quête particulièrement importante chez les Pirates, les Anons ou les geeks en général. (À moins de redéfinir le terme d'élégance.)

Il _existe_ une forme d'élégance intellectuelle dans le logiciel Libre (en particulier dans le raffinement du code source). Mais il s'agit là d'un milieu sensiblement distinct de celui des Pirates.

Camille Acristem a écrit :Quelle posture a le Parti Pirate en France ? Outre les trois axes fondamentaux, dont j'ai lu le descriptif, que je plussoie (ah ah) largement, quelle est la posture philosophique, éthique, humaniste et sociale du Parti Pirate ?


Je ne suis pas sûr de la pertinence qu'il y aurait à désigner le positionnement politique gauche-droite comme une "posture" (terme souvent péjoratif et factieux).
Le Parti Pirate est un mouvement qui se revendique de la pensée révolutionnaire de 1789, de cette époque où l’on se met à parler de "citoyens" et où l’on se met à considérer le corps social non comme une bête de somme mais comme un "peuple", doué d'intelligence et de libre-arbitre. C'est également une époque où l'on commence à envisager l'être humain comme composante du monde dans sa grandeur et sa diversité, et où l'on rêve timidement d'une cité (d'une citoyenneté) à l'échelle planétaire.

Cet héritage, qui inclut notamment la devise Liberté, Égalité, Fraternité, je ne pense pas qu'il faille se définir comme "de gauche" ou "de droite" pour le défendre aujourd'hui. Certes, les gouvernements de droite qui se sont succédé ces dix dernières années réactivent une idéologie contre-révolutionnaire (Chateaubriand, Thiers) que l'on aurait pu croire disparue ou confinée à l'extrême-droite. Mais je veux croire que c'est une errance malheureuse, et au Parti Pirate même nous voyons beaucoup de gens qui se considèreraient comme "de droite" sans pour autant se reconnaître dans le gouvernement aujourd'hui (enfin) sortant.

Donc, nous cherchons à défendre une notion très simple, qui est que l'intérêt commun et à long terme devrait primer sur les intérêts privés à court terme. Les richesses immatérielles, en particulier, ont la faculté de pouvoir être partagées librement à l'infini : il n'est pas acceptable que, sous des prétextes fallacieux, les citoyens en soient privés. Il n'est pas acceptable non plus que, plutôt que d'encourager la coopération entre les citoyens, le corps social soit fragmenté, les citoyens infantilisés et criminalisés, surveillés, fichés, régentés. Il n'est pas acceptable, enfin, que les richesses naturelles (énergie, semences,...) soient accaparées par des intermédiaires qui s'en servent ensuite pour rançonner les populations.

Toutes ces injustices doivent être résolues, et cela nécessite très certainement des réformes globales, qui touchent aux domaines culturel, social, économique, écologique, éducatif, institutionnel. De telles réformes ne pourraient être mises en place que par un État fort -- mais à condition que ledit État se montre _vraiment_ représentatif du corps électoral, et s'appuie sur une totale légitimité démocratique, c'est-à-dire non seulement élections mais également contrôle constant (donc transparence, information complète et impartiale, etc.). C'est pourquoi nous ne disons pas que nous ne voulons "pas d'État", nous ne voulons simplement pas de _cet_ État-là, de la mauvaise gestion, des lois directement dictées par les lobbyistes, etc. (Tout le paragraphe qui précède peut se lire aussi bien en remplaçant le mot État par Europe.)

Ces quelques bases étant posées, j'ajouterai qu'au Parti Pirate nous n'aimons pas trop parler de nous-mêmes en employant des grands mots. "Humanisme", "Libéralisme", blablabla; nous préférons laisser cela à d'autres. Si quelqu'un vient nous voir et nous dit "je suis [de gauche|de droite], j'ai été pendant 25 ans militant au [Parti communiste|RPR|parti socialiste] et je me reconnais dans vos idées", nous lui disons simplement : bienvenue. Mais nous n'estimons pas que la définition nous appartient, ni qu'elle soit vraiment nécessaire, ni qu'elle soit pertinente _a priori_. Le jour où nous aurons été au pouvoir pendant 10 ans et où il s'avèrera que nos principaux opposants sont la droite ou la gauche, nous pourrons nous dire que c'est que nous sommes peut-être plus près du camp adverse. Mais seulement si on a _vraiment_ du temps à perdre.
La liberté, c'est l’esclavage.
La guerre, c'est la paix.
L'ignorance, c'est la force.
La démocratie, c'est l'Amendement 13.

Camille Acristem
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Re: Question unique et plurielle.

Messagepar Camille Acristem » sam. 27 juil. 2013, 09:55

Je répondrai longuement à votre pavé, moi-même tailleur de pierre.
Cela-dit, je souhaitais réagir très simplement au dernier paragraphe qui, à mon avis, dénote non pas d'une sorte de lâcheté, quoi qu'on puisse tout de même se demander la légitimité d'une telle souplesse, en politique (même le PP a une place sur la règle des courants idéologiques sur la question sociale et financière, qui à mon sens est le critère discriminant de la droite ou de la gauche), mais d'une incapacité à vraiment savoir quels arguments démocratiques vous/nous souhaitez/souhaitons apporter à la République telle qu'elle existe aujourd'hui, rencontrant sinon une impasse institutionnelle, au moins une impasse... démocratique (je pointe du doigt l'abstentionniste qui trahit le quart des électeurs qui s'en foutent ou ne se sentent plus concernés par le vote).

PS : j'ai lu le code des Pirates... C'est vraiment par refus de catégorisation que tu rejettes d'associer PP et gauche. Un refus illégitime.
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Re: Question unique et plurielle.

Messagepar cmal » sam. 27 juil. 2013, 23:58

Camille Acristem a écrit :la légitimité d'une telle souplesse

Quelque chose de très bien chez les Pirates est que nous essayons de nous remettre en cause. Et loin de moi l'idée de parler au nom de pers, qui risque d'ailleurs de ne pas répondre à ce message (dans la mesure où il ne fréquente plus trop ces forums), mais il me semble qu'il dirait aujourd'hui que la souplesse dont tu parles est un point sur lequel une grave erreur en termes de communication a été commise.

Bien évidemment, nous sommes effectivement ouverts à toute personne venant en paix et dans un esprit de débat, et c'est pour ça que nous évitons d'utiliser des étiquettes. Maintenant, ce n'était peut-être pas la seule ou la meilleure façon de procéder, et le fait que nous ayons encore eu à la dernière AG des gens qui se sont au nom d'une morale dégoulinante prononcés contre l'homosexualité ou le travail du sexe le montre bien. Par contre, une étiquette est-elle la seule façon de faire passer notre message ? Avoir un programme complet et argumenté ne serait-il pas plus approprié ?

Je pense qu'on peut travailler là-dessus… dans le cadre de ton groupe de travail « communication » peut-être ? :-)

Camille Acristem a écrit :PS : j'ai lu le code des Pirates... C'est vraiment par refus de catégorisation que tu rejettes d'associer PP et gauche. Un refus illégitime.
Oui, c'est pour ça. Mais en quoi est-ce quelconquement illégitime ? À dire vrai, c'est la seule raison que je trouve légitime pour refuser l'étiquette « de gauche ». Mais encore une fois, l'étiquette est-elle si importante ? N'importe qui connaissant les Pirates ou ayant ne serait-ce que lu notre programme voit que nous sommes clairement de gauche…
.a'u coi. mi'e cmal.


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