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Du droit à disposer de son corps

discu.2014
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KaNaDa
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Re: Du droit à disposer de son corps

Messagepar KaNaDa » mer. 09 oct. 2013, 19:21

Je suis aussi curieux de lire ta source sur le coût du sang acheté versus le coût du sang donné.

En introduction générale à mon intervention (la toute première pop pop pop), j'aimerais déjà savoir s'il y a un sujet sur une définition commune de base sur la notion de liberté au sein du PP. Certes, la discussion s'enrichit du point de vue de chacun mais y a-t-il des postulats de départ écrits quelque part unanimement admis ?
D'ailleurs, y a-t-il une liste des postulats pour les différentes notions ? (Tiens idée pour je ne sais pas encore quel groupe de travail mais quantifier les positions du PP sur différentes notions peut aider à définir le positionnement du PP)

Bref, dans ma conception personnelle, la liberté relève surtout de la quantité de choix possibles. Cela signifie qu'on est libre parce qu'on a des choix et plus ils sont nombreux plus on est libre. Cette définition permet de faire coexister la liberté avec un système normatif plus ou moins permissif.
Même si à titre personnel je suis pour l'abolition de nombreuses normes, je conçois qu'il faille poser des barrières dans certains domaines.
Jusqu'ici je rejoins vos arguments toutefois, j'ai le sentiment qu'au nom de la liberté tout peut se valoir comme si elle était l'unique valeur à atteindre. Pourtant, n'y a-t-il pas d'autres valeurs à défendre tout autant et qui se renforceraient ?
Par exemple, je pense que la notion d'éthique (qui est somme toute une sorte de morale laïque) est à définir et à intégrer dans nos réflexions. En effet, je pense que le PP porte une vision de la liberté respectueuse des individus, une liberté collective contre celle plus individuel soutenu par le libéralisme (là c'est le moment de me dire si je me suis trompé de parti ^^). Il y a sans doute d'autres notions à intégrer : j'ai pu lire que le PP voulait redorer la devise française et les notions d'égalité et de fraternité. Comment faire pour être libres, égaux et fraternels ? Vaste sujet, je pense... Je reviens donc aux éléments de cette discussion après ma réflexion introductive. :oops: :mrgreen:

Tout d'abord, le droit à disposer de son corps ne doit pas être influencé par des rites issus de croyance religieuse ou populaire. Dur positionnement mais je considère que les mutilations corporelles et/ou sexuelles sont bien souvent les marques d'une société/d'un groupe sur un individu. Or, je pense qu'il faut mettre en place un cadre qui permette aux individus d'affirmer leur indépendance vis-à-vis d'un groupe ou d'une société.
En revanche, je conçois qu'une fois majeur cette personne choisisse ses mutilations. La question sera alors de savoir si la personne a été maître de son choix où si elle a été influencée voire contrainte.

Ensuite, je considère que l'éthique doit préserver l'intégrité humaine et repousser "le pouvoir de l'argent" au plus loin des relations/sentiments/élans humains. Ainsi, je suis contre la monétisation des dons d'organe. Certes, cela élargirait la liberté de disposer de son corps de tout un chacun mais qui recourrait à ce don unique de soi ? Ce sont malheureusement des personnes défavorisées qui contraintes dans leur réalité économique "choisiraient" de donner leurs organes. Après tout, si des personnes sont motivées par donner ses organes, c'est à mon avis pour la beauté du geste plus que par la contre-partie financière. Nous sommes à l'heure actuelle dans une situation de liberté éthique, si j'ose dire...

Enfin pour les drogues, je suis partisan d'une libéralisation totale ("douces" et dures) afin de maximiser les rentrées fiscales qui permettraient de financer outre la prise en charge médicale des personnes une réelle politique de sensibilisation sans tabou mais éveillant les plus jeunes et moins jeunes sur la perte de liberté qu'elles peuvent entraîner. C'est le paradoxe des drogues liberté de consommation contre dépendance individuelle aux substances ingérées...


Résumé :
    mettre en perspective la notion de liberté avec d'autres notions comme, entre autres, l'éthique, l'égalité, la fraternité...
    la liberté rime - pour moi - avec indépendance d'esprit
    la liberté contre de l'argent n'est pas une liberté
    liberté totale sur les drogues mais avec forte prévention/éducation sur la perte de liberté qu'elles engendrent
"Un jour avec tous les pirates, tu reviendras crier vengeance."
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OSB
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Re: Du droit à disposer de son corps

Messagepar OSB » jeu. 10 oct. 2013, 11:07

Bonjour Kanada et bienvenue

L'exemple que tu donnes des mutilations pratiquées sur des enfants est un excellent exemple de l'importance d'affirmer le droit à disposer de son corps, et plus largement du droit à disposer de soi. Car c'est bien au nom du droit de chacun à disposer de son corps qu'il n'est pas possible d'accepter que les familles s'approprient le corps de l'enfant en lui faisant subir des mutilations, qui plus est pour marquer au-delà de l'appartenance à la communauté, l'adhésion souhaitée du futur adulte aux idées et aux valeurs qui la régissent...
Il n'en demeure pas moins que sur ce terrain la forme d'action la plus efficace et la mieux adaptée n'est pas la répression des groupes concernés par des lois brutales et stigmatisantes, mais plutôt l'aide et le soutien de celles et de ceux qui au sein même de ces communautés luttent contre ces pratiques ancestrales par le débat et les explications, pour lesquels ils savent trouver les mots justes pour convaincre.

En ce qui concerne la liberté impossible contre de l'argent, je suis moins convaincu.
La liberté contre de l'argent n'est pas une liberté complète, sans-doute, mais on peut difficilement prétendre que l'existence de contraintes économiques ôte toute liberté à nos choix. Ce serait immédiatement invalider la plupart de nos décisions - de travail, de consommation, de mode de vie... et considérer que la société pourrait les remettre en cause ou nous en imposer d'autres. Lorsque nous ne sommes pas confrontés à des questions vitales, notre décision d'êtres responsables est, même face à l'argent, une décision libre.

Autre question : L'éthique est-elle une sorte de morale laïque ?
C'est trop souvent considéré comme ça, mais ce n'est pas très intéressant à mon avis de faire une morale laïque qui n'est qu'une simple transposition hygiéniste ou "citoyenniste" de la morale religieuse.

La morale c'est le respect du bien. L'éthique c'est la recherche du bonheur.
et ce sont deux choses absolument différentes.

L'idée de bien est une valeur indémontrable posée par principe de manière extérieure à nous-même. Elle est souvent appuyée par des croyances religieuses en un dieu qui édicte ses règles, ou bien sous sa forme laïcisée, la loi est posée par principe comme un absolu qui émane d'une volonté suprême (celle du peuple ou celle du roi...) et qui s'impose à tous.
Le "bien" est donc une notion essentiellement sociale. La morale, c'est la question de savoir dans quelle mesure nous nous comportons de façon conforme à ces règles, dans quelle mesure nous avons intériorisé les normes et à quel point nous ressentons de la culpabilité, du repentir si nous les transgressons...etc.
Faire de la politique sous l'angle de la morale - ce qui est malheureusement presque toujours le cas - c'est considérer à partir de ses propres préconceptions de ce qui est bien ou mal, la façon dont tout le monde devrait agir. Vouloir déterminer des limites morales à la liberté de disposer de son corps, c'est se poser en juge d'autrui, décider pour les autres de ce qui est "digne" ou "indigne" comme comportement et considérer qu'il y aurait une façon unique et indiscutable de considérer notre corps que nous devrions tous partager : ressentir de la honte ou du dégoût parce que ce serait "mal" de faire une chose ou une autre avec son corps... Religieuse ou hygiéniste, cette morale ne sert qu'à nous encombrer la tête. Elle établit des normes et marginalise ceux qui n'y correspondent pas en les désignant comme déviants.

Si le bien se donne comme norme objective, Le bonheur, en revanche est d'emblée une notion tout-à-fait subjective. Chacun possède ses goûts. Ce qui procure du plaisir à l'un n'en procure pas nécessairement à l'autre, et ce qui nous rend heureux est différent pour chacun d'entre-nous.
Il n'existe pas un bonheur universel, vrai pour tout le monde, mais ce qui peut être universalisé, c'est le droit au bonheur de chacun, et c'est cela l'éthique.

Faire de la politique sous l'angle de l'éthique c'est considérer l'égalité du droit au bonheur pour chacun. C'est une politique où l'humain est perçu dans sa diversité, dans sa richesse. C'est considérer l'être humain comme multiple, c'est se mettre à l'écoute de l'expérience individuelle.

Les limites éthiques sont tout-à-fait indispensables, mais elles se découvrent facilement dès lors qu'on est attentif à respecter le droit de l'autre à la recherche de son propre bonheur : forcer, agresser, blesser, violer sont des actes condamnables parce qu'ils procurent du malheur, mais également obliger, contraindre ou... interdire
Interdire au nom de la morale est contraire à l'éthique.

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fredleborgne
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Re: Du droit à disposer de son corps

Messagepar fredleborgne » jeu. 02 janv. 2014, 19:06

Il y a carrément eu une histoire de cannibalisme acceptée en Allemagne.
Bien sûr, si on devait légiférer seulement en fonction des cas excessifs...
Fumer, consommer des drogues, avoir des conduites à risque, c'est aussi faire peser sur le reste de la société des frais de "remise en condition", que ce soit ensuite pour soigner des addictions, des organismes affaiblis ou des accidents.
La conduite à risque, c'est malheureusement aussi la mort d'une jeune fille par un alcoolique drogué, fou de vitesse conduisant sans permis.
La liberté ne veut donc pas dire disposer de son corps pour tout et n'importe quoi.
Où poser la limite alors ? La Raison elle-même semble être valeur subjective.
Il y a une solution pourtant : on n'en pose pas, mais on fait assumer un max les conséquences à ceux qui jouent avec leur corps parfois aux dépens des autres.

- remboursement des dégâts aux tiers, voire indemnisation des familles d'éventuelles victimes innocentes
- soins payants s'ils sont souhaités pour la "réparation individuelle"
- le problème psychologique du type bouffé par son cannibale est en quelque sorte réglé. Quant à la prostitution, sans maquereau si elle devait être dans le cadre de la liberté à disposer de son corps, on peut se retirer avec quelques regrets non ?

La liberté, c'est une histoire d'adulte, et ce n'est pas spécialement le paradis. D'ailleurs, beaucoup de citoyens demandent plus de lois sécuritaires pour se sentir "protégés", même s'ils doivent passer une coloscopie à chaque embarquement en avion.
Le combat ne cessera qu' avec la fin du dernier des exploiteurs


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