Bienvenue sur les archives forum du Parti Pirate


Le Parti Pirate refond complètement son forum et a migré vers un outil plus moderne et performant, Discourse !
Retrouvez nous ici : https://discourse.partipirate.org

La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

daniel
Capitaine pirate
Messages : 1122
Inscription : jeu. 18 févr. 2010, 20:14

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » dim. 20 mai 2012, 21:44

Olivier Soares Barbosa a écrit :L'existence d'une telle souffrance inconsciente est un pur postulat que rien ne peut ni démontrer ni falsifier.

Le sujet des souffrances inconscientes est assez intéressant. Je pense qu'il est lié au concept des émotions dites complexes. Les émotions primaires sont celles qui sont innées, les émotions complexes apparaissent avec le temps sous influence de la société. Les émotions complexes sont donc conditionnées par la société. Mais la personne ne s'en rend pas compte, elle ressent des émotions complexes de la même manière que des émotions primaires.

Il est donc parfaitement possible qu'une expérience qui n'est pas traumatisante peut le devenir avec l'évolution du système émotionnel plus tard. Je pense que c'est à l'origine du concept de l'impossibilité de consentir avant certain âge, avant que le système émotionnel se stabilise. Pas parce qu'il y a une souffrance immédiate mais à cause du risque d'une souffrance future.

Avatar de l’utilisateur
OSB
Loup de mer
Messages : 624
Inscription : lun. 26 mars 2012, 16:16
Localisation : Paris 13eme

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar OSB » dim. 20 mai 2012, 21:56

Ca me parait juste... mais redoutable du point de vue du droit. Cette notion de souffrance future peut être la porte ouverte aux pires utilisations liberticides du concept de principe de précaution et des dérives sécuritaires auxquelles nos sociétés sont confrontées depuis quelques années.

daniel
Capitaine pirate
Messages : 1122
Inscription : jeu. 18 févr. 2010, 20:14

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » dim. 20 mai 2012, 22:36

Olivier Soares Barbosa a écrit :Ca me parait juste... mais redoutable du point de vue du droit. Cette notion de souffrance future peut être la porte ouverte aux pires utilisations liberticides du concept de principe de précaution et des dérives sécuritaires auxquelles nos sociétés sont confrontées depuis quelques années.

Le système émotionnel se stabilise quand la personne devient adulte sauf des cas exceptionnels. On applique ce raisonnement déjà pour les mineurs. C'est l'élargissement de ce raisonnement au delà des jeunes qui est abusif.

Avatar de l’utilisateur
Captain Achtung
Messages : 1
Inscription : jeu. 31 mai 2012, 12:20

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar Captain Achtung » jeu. 31 mai 2012, 13:22

Bonjour, je suis abolitioniste et souhaiterais vous mettre en garde contre la soit disante liberté entourant les revendications du droit à se prostituer. A 1ère vue, on ne peut que partager la belle idée du droit à disposer de son corps : la réthorique usée par les pro prostitutions prend effectivement l'argument du bon sens : en liant : droit à disposer de son corps et droit à se prostituer...

Mais les amis, méfiez-vous du soit disant bon sens et des argumentaires reposant sur l'évidence ! Vous savez qu'il s'agit, soit dit en passant, la stratégie argumentative la plus utilisée au Front National ? Ce n'est pas parce qu'elles paraissent évidentes que ces propositions sont vraies.

Evidemment la position abolitionniste n'est pas clairement saisissable et évidente à 1ère vue, parce qu'elle a été détournée tout d'abord (nous taxant de mère la pudeur : dans le même sac des cathos tradis! :shock: :evil: ) et également parce qu'elle repose sur une logique qui dépasse le concept même d'abolitionnisme. L'abolitionisme devenant un des moyens pour permettre l'achèvement de cette logique.
Et cette logique dont je parle , ce projet les gars, c'est le féminisme. En effet, le système prostituteur, dans lequel l'écrasante majorité des prostituées sont des femmes, est un système dans lequel la femme se situe dans un rapport de domination face à l'homme c'est donc un frein à l'égalité femme-homme! Primo, l'abolitionnisme remet en cause l'idée selon laquelle la sexualité des hommes serait "naturellement" pulsionnelle, irrépressible; à la différence de celle des femmes : soumise et à disposition de celle des hommes. Deuxio, comment voulez-vous accroître l'idée d'égalité femme-homme dans la tête des gens si l'on sait qu'il est possible d'acheter les corps de certaines femmes pour son propre plaisir?? Le système prostituteur ne fait qu'encourage la domination des femmes par les hommes ! Prenez aussi conscience de toutes les dérives que cela entraîne: telle que le harcèlement sexuel. En effet : une femme veut quelque chose ? un poste ? Quoi de plus naturel de demander en échange une faveur sexuelle? Vous voyez clairement les conséquences d'un système prostituteur : qui conforte l'idée que le corps des femmes peuvent être des marchandises servi sur un plateau pour le plaisir des hommes.
En outre, on ne peut fermer les yeux sur le lien entre domination des hommes et domination économique : la prostitution est vue comme le moyen d'échapper à la misère pour les femmes. Ainsi défendre la prostitution c'est participer à la traite humaine et reconnaître que l'argent du bourgeois capitaliste peut se payer une femme après un match lors d'une Coupe du Monde, au même titre q'un tee shirt à l'effigie de son équipe ! Il est ainsi de notre devoir de défendre les plus faibles, notamment ceux des pays pauvres pour empêcher que la prostition ne deviennent que leur unique voie d'espérance et d'avenir.

Les pirates : réveillez-vous ! Soyez conscientisés de tous ce qui rentre en compte dans l'idée si lisse de la prostition ! Ne vous laissez pas avoir par le chant des sirènes du Strass : ceux-là ne sont que des égoistes qui pensent à leurs intérêts sans voir plus loin que leurs godmichets et ne font pas l'effort de remettre en cause la société. Mais, nous, pirates, ne sommes nous pas là pour justement renverser les injustices ? en finir avec les traditions qui ne servent qu'aux forts et sont pour lui l'alibi pour écraser de plus bel le faible ?
De quel côté on se situe ? Au côté des dominants cyniques et égoîstes ? Ou sommes nous pour libérer la société et les opprimés! Les amis : la libération commence par renverser la domination séculaire de l'homme sur la femme pour amenerr l'égalité afin qu'à terme, on ne se définisse plus comme homme ou femme mais comme des individus libres!
Et ceci commence par abolir la violence de la prostitution car sans cette étape cruciale : on ne pourra jamais mettre fin à cette domination !

Aller, courages matelots, battez-vous, accueillez mes arguments ! et mobilisez-vous avec moi pour l'Abolition du système prostitueur dans l'idéologie et le programme du Parti Pirate !


bon vent folks !


Captain Achtung

daniel
Capitaine pirate
Messages : 1122
Inscription : jeu. 18 févr. 2010, 20:14

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » jeu. 31 mai 2012, 14:09

Captain Achtung a écrit :Et cette logique dont je parle , ce projet les gars, c'est le féminisme. En effet, le système prostituteur, dans lequel l'écrasante majorité des prostituées sont des femmes, est un système dans lequel la femme se situe dans un rapport de domination face à l'homme c'est donc un frein à l'égalité femme-homme! Primo, l'abolitionnisme remet en cause l'idée selon laquelle la sexualité des hommes serait "naturellement" pulsionnelle, irrépressible; à la différence de celle des femmes : soumise et à disposition de celle des hommes. Deuxio, comment voulez-vous accroître l'idée d'égalité femme-homme dans la tête des gens si l'on sait qu'il est possible d'acheter les corps de certaines femmes pour son propre plaisir??

Une femme peut aussi acheter un homme pour son propre plaisir. La seule différence est dans le prix : le prix d'un homme est proche du zéro dans la plupart des cas.

Captain Achtung a écrit :Le système prostituteur ne fait qu'encourage la domination des femmes par les hommes ! Prenez aussi conscience de toutes les dérives que cela entraîne: telle que le harcèlement sexuel. En effet : une femme veut quelque chose ? un poste ? Quoi de plus naturel de demander en échange une faveur sexuelle? Vous voyez clairement les conséquences d'un système prostituteur : qui conforte l'idée que le corps des femmes peuvent être des marchandises servi sur un plateau pour le plaisir des hommes.

C'est lié au phénomène de la rareté. Dès qu'une chose ou un service devient rare il devient l'objet d'un commerce. Les prestations sexuelles d'un homme envers les femmes ne sont pas suffisamment rares pour qu'un tel commerce puisse naître.

La prostitution féminine ne disparaîtra que si les femmes se comportent comme chez les bonobos. Le comportement sexuel des hommes en est déjà proche. :lol:

Captain Achtung a écrit :En outre, on ne peut fermer les yeux sur le lien entre domination des hommes et domination économique : la prostitution est vue comme le moyen d'échapper à la misère pour les femmes. Ainsi défendre la prostitution c'est participer à la traite humaine et reconnaître que l'argent du bourgeois capitaliste peut se payer une femme après un match lors d'une Coupe du Monde, au même titre q'un tee shirt à l'effigie de son équipe !
N'importe quelle femme peut se payer un homme après un match lors d'une Coupe du Monde, pas seulement une bourgeoise. Le prix d'un homme est tellement dérisoire que même les femmes les plus pauvres peuvent le payer.

Captain Achtung a écrit :Il est ainsi de notre devoir de défendre les plus faibles, notamment ceux des pays pauvres pour empêcher que la prostition ne deviennent que leur unique voie d'espérance et d'avenir.

Non, une femme n'est pas plus faible. Au contraire elle a un moyen de pression sur les hommes que les hommes ne possèdent pas. Ils doivent donc compenser leur handicap par l'argent ou le pouvoir. Si le sexe devient abondant les hommes ne vont plus se battre pour l'argent ou le pouvoir, ils vont rester chez eux, regarder le sport à la télé et boire la bière avec leurs potes. Comme chez les bonobos. :mrgreen:

Avatar de l’utilisateur
OSB
Loup de mer
Messages : 624
Inscription : lun. 26 mars 2012, 16:16
Localisation : Paris 13eme

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar OSB » jeu. 31 mai 2012, 14:18

Merci pour ta participation.

J'entends bien tes arguments, mais tu fais peu de cas de la liberté de celles et ceux qui choisissent d'être travailleurs du sexe. Se battre contre l'oppression c'est bien gentil, mais si c'est pour en établir une autre encore plus tyrannique, je ne vois pas trop bien l'intérêt. Les conclusions auxquelles nous étions parvenus était qu'il fallait que chacun puisse choisir sa vie. Au nom de quoi, aurais-tu le droit, toi, de prendre possession de mon corps à moi, pour m'obliger ou m'interdire à me prostituer si j'en ai envie ?
Pourquoi devrait-on interdire la prostitution plus qu'une autre forme de travail où les rapports de domination sont exactement équivalents ? Travail d'usine ou de bureau par exemple ?
Qu'est-ce qu'on fait pour les prostitués masculins, qui sont beaucoup plus nombreux que ce que tu dis ? Allez-vous également leur interdire de se prostituer ?
Que se passera-t-il pour les autres travailleurs du sexe comme les acteurs de films pornographiques ?

Je récuse par ailleurs l'expression "d'achat" du corps Il ne s'agit pas du tout d'un achat mais d'une forme de location soumise à conditions. Le client d'une personne qui se prostitue n'en devient en aucune façon propriétaire.

Je ne crois pas non plus que la sexualité masculine serait pulsionnelle irrépressible. Je crois que la sexualité est de nature pulsionnelle pour tout le monde, femmes et hommes quelque soit l'orientation sexuelle ou l'identité de genre. et qu'elle fait également, hélas, l'objet de répressions sociales fortes pour tout le monde. Une part de ce contrôle est positif dans la mesure où il permet à chacun d'être maître de ses pulsions et de diriger son désir et son plaisir à sa façon dans la mesure où sa liberté reste entière, mais la plus grande part est pathogène et relève de la pure répression morale - typiquement d'origine religieuse - dont vous vous faites à mon avis, les nouveaux chantres.

@daniel, tu fais complètement fausse route là-dessus, documentes-toi un peu sur les gigolos, taxi-boys et autres qui ont une clientèle de femmes souvent riches et âgées... Ce qui possède une valeur dans ce domaine c'est la séduction, la beauté physique du corps ou ses caractéristiques attirantes pour une catégorie de personnes définie. Tu simplifies.

daniel
Capitaine pirate
Messages : 1122
Inscription : jeu. 18 févr. 2010, 20:14

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » jeu. 31 mai 2012, 14:37

Olivier Soares Barbosa a écrit :@daniel, tu fais complètement fausse route là-dessus, documentes-toi un peu sur les gigolos, taxi-boys et autres qui ont une clientèle de femmes souvent riches et âgées... Ce qui possède une valeur dans ce domaine c'est la séduction, la beauté physique du corps ou ses caractéristiques attirantes pour une catégorie de personnes définie. Tu simplifies.

C'est un phénomène marginal. Le sexe est beaucoup plus accessible pour les femmes que pour les hommes en général. :mrgreen:

phylkael
Messages : 1
Inscription : mar. 29 mai 2012, 14:00

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar phylkael » jeu. 31 mai 2012, 15:10

Bonjour, il y a quelque chose que je trouve assez grave dans ce fil, notamment dans l'argumentaire développé par les réglementaristes, c'est qu'il est fait un amalgame complet entre abolitionnisme et prohibitionnisme. Du coup il est facile de dire que tout ce qui relève de l'abolitionnisme est moraliste et s'attaque aux personnes prostituées. Alors une mise au point rapide:

Prohibitionnisme: c'est dire que la prostitution est contraire aux bonnes moeurs, c'est considérer que les prostitué-e-s et les proxénètes sont hors-la-loi, ce qui en fin de compte revient à réprimer principalement les prostitué-e-s. On trouve ce système notamment dans certains états des USA et en Chine. Pour faire court, un système pudibond et réactionnaire

Abolitionnisme: c'est considérer que la prostitution est une violence faite aux femmes (je sais qu'il n'y a pas que des femmes parmi les personnes prostituées, mais elles en forme l'écrasante majorité. Et il y a aussi des femmes clientes, mais les hommes forment la quasi-totalité des client-e-s de la prostitution). C'est se battre pour la libérer la sexualité, donc notamment pour qu'elle soit libérée de l'argent. La liberté sexuelle, c'est quand les personnes (deux, ou plus) qui ont un rapport le désirent toutes. Si il y a besoin d'une pression financière pour obtenir un consentement, où est le désir? où est la liberté?
Donc l'abolitionnisme considère que les personnes prostituées sont victimes d'une violence, et ses auteurs sont les proxénètes et les clients-prostitueurs. Par exemple en Suède, ce sont les clients et les proxénètes qui sont poursuivis.

Réglementarisme: c'est considérer que la prostitution devrait être un métier comme un autre, les clients de simples consommateurs et les proxénètes des entrepreneurs. J'ai vu que les réglementaristes semblent préférer le terme de libéralistes, c'est une vision assez étrange de la libération sexuelle, mais par contre c'est tout-à-fait dans la logique du libéralisme (et même plutôt de l'ultra-libéralisme/néo-libéralisme): tout (même la sexualité) doit faire parti du marché. C'est assez loin de l'idée que je me fais de la liberté.

Avatar de l’utilisateur
OSB
Loup de mer
Messages : 624
Inscription : lun. 26 mars 2012, 16:16
Localisation : Paris 13eme

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar OSB » jeu. 31 mai 2012, 15:16

@ daniel : mais arrête avec ça ! On se fout que ce soit marginal... La question n'est pas dans ce domaine de faire des lois pour le plus grand nombre, mais pour que personne ne soit contraint à agir contre sa propre volonté. C'est aussi un argument des abolitionnistes de prétendre que la prostitution masculine serait "marginale" (cf le post de phylkael ci-dessus)

Par ailleurs on a aucune statistique valable dans ce domaine, et on ne peut nullement préjuger de l'évolution future du phénomène. Alors stop avec ça. Ce n'est pas le bon angle pour argumenter. Au contraire l'angle est de dire que la prostitution ne concerne pas seulement les femmes mais aussi les hommes, et que les idées féministes sont sans doute justes, mais qu'elles ne sont tout simplement pas pertinentes ici.

daniel
Capitaine pirate
Messages : 1122
Inscription : jeu. 18 févr. 2010, 20:14

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » jeu. 31 mai 2012, 15:41

phylkael a écrit :Abolitionnisme: c'est considérer que la prostitution est une violence faite aux femmes (je sais qu'il n'y a pas que des femmes parmi les personnes prostituées, mais elles en forme l'écrasante majorité. Et il y a aussi des femmes clientes, mais les hommes forment la quasi-totalité des client-e-s de la prostitution). C'est se battre pour la libérer la sexualité, donc notamment pour qu'elle soit libérée de l'argent. La liberté sexuelle, c'est quand les personnes (deux, ou plus) qui ont un rapport le désirent toutes. Si il y a besoin d'une pression financière pour obtenir un consentement, où est le désir? où est la liberté?
Donc l'abolitionnisme considère que les personnes prostituées sont victimes d'une violence, et ses auteurs sont les proxénètes et les clients-prostitueurs. Par exemple en Suède, ce sont les clients et les proxénètes qui sont poursuivis.

L'économie du marché est basée sur le principe du chantage, le vendeur réclame le prix le plus élevé que l'acheteur d'un produit ou d'un service dont il a besoin est prêt à payer. C'est donc toujours le vendeur qui exerce la violence envers l'acheteur en le privant de quelque chose. S'il y a de la violence ce sont les prostituées qui l'exercent envers leurs clients en les forçant à payer.

Il n'y a qu'une seule et unique possibilité comment libérer la sexualité, en la rendant abondante. Le marché n'est qu'une conséquence d'une pénurie. En chassant les clients on ne fait pas disparaître la pénurie.

Avatar de l’utilisateur
OSB
Loup de mer
Messages : 624
Inscription : lun. 26 mars 2012, 16:16
Localisation : Paris 13eme

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar OSB » jeu. 31 mai 2012, 15:44

Phylkael,

Il me semble, d'après ce que tu dis que la différence entre prohibitionnisme et abolitionnisme est réellement très faible. L'abolitionnisme justifie par la protection de femmes qu'il juge irresponsables l'empêchement d'une pratique en agissant indirectement sur les clients pour rendre cette pratique impossible. C'est à mon sens la même chose en plus hypocrite.

Comme cela a déjà été dit par Morgane, toutes ces actions menées contre la prostitution au nom de bons principes protecteurs ou moralistes, aboutit de fait à rendre plus difficile la vie quotidienne des prostitué(e)s et à les contraindre à accepter des clients qu'ils ou elles n'auraient peut-être pas accepté s'ils avaient eu davantage de demandes. L'abolitionnisme produit exactement le contraire de son objectif : une plus grande oppression dont les personnes prostituées seront victimes, en ajoutant aux pressions de la clientèle, celle de la société et celle de mafias auxquelles elles seront davantage soumises.

Pasmafaute
Pirate
Messages : 280
Inscription : mar. 29 sept. 2009, 14:45

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar Pasmafaute » jeu. 31 mai 2012, 16:24

Captain Achtung a écrit :Mais les amis, méfiez-vous du soit disant bon sens et des argumentaires reposant sur l'évidence ! Vous savez qu'il s'agit, soit dit en passant, la stratégie argumentative la plus utilisée au Front National ?

Petit wtf pour un lien que je trouve franchement inapproprié. Ce n'est pas en essayant de coller des étiquettes qu'on résoudra le problème.

parce qu'elle a été détournée tout d'abord (nous taxant de mère la pudeur : dans le même sac des cathos tradis! :shock: :evil: ) et également parce qu'elle repose sur une logique qui dépasse le concept même d'abolitionnisme. L'abolitionisme devenant un des moyens pour permettre l'achèvement de cette logique.

C'est étrange que tu commences en mettant des mots dans la bouche des autres plutôt que par tes positions.

Evidemment la position abolitionniste n'est pas clairement saisissable et évidente à 1ère vue (...) Les pirates : réveillez-vous ! Soyez conscientisés

Donc en fait, si on n'est pas convaincu par la position abolitionniste, c'est qu'on n'a pas réussi à la comprendre. Mais si on se réveillait et qu'on élevait notre niveau de conscience, on ne pourrait qu'être d'accord avec ta position ? Désolé de te contredire là-dessus, mais il me semble que tu tombes dans un travers bien classique de ceux qui défendent l'abolition : tu as un modèle que tu considères comme un tout achevé et tu veux imposer ce qui découle de cette position aux autres. Or non seulement tes liens comme comme le harcèlement sexuel et la prostitution (et je devine en filigrane des choses sur la pornographie) sont discutables, mais vouloir imposer tes choix aux autres me pose problème.

Défendre les plus faibles, réduire les rapports de domination ? Certainement, personne n'est contre ici. La question est le moyen d'y arriver. La répression risque d'aggraver le problème plus qu'autre chose, même si elle permet à certains de se donner bonne conscience. Le mieux à faire, AMHA, est de permettre concrètement à celles qui ne veulent pas ou plus se prostituer de pouvoir arrêter ou ne jamais avoir à commencer. Ca veut dire écouter les premières concernées et ce qu'elles ont à dire, arrêter des conneries comme le délit de racolage passif, leur permettre de s'organiser pour qu'elles puissent mieux se défendre et se faire respecter, sans oublier de mettre en place avec (et pas contre ni sans) elles des solutions concrètes d'accompagnement pour que celles qui veulent arrêter puisse le faire -- ainsi peut-être qu'une campagne d'information comme il en existe pour d'autres problématiques.

Ne vous laissez pas avoir par le chant des sirènes du Strass : ceux-là ne sont que des égoistes qui pensent à leurs intérêts sans voir plus loin que leurs godmichets

Je sais que ça part d'une bonne intention mais niveau rhétorique mais si tu engages la conversation avec de tels noms d'oiseaux qui témoignent d'un profond manque de respect, comment veux-tu être respecté en retour, surtout sur un sujet dont la question du respect des femmes est l'air de rien centrale ?

et mobilisez-vous avec moi pour l'Abolition du système prostitueur dans l'idéologie et le programme du Parti Pirate !

En ce qui me concerne, c'est niet. Désolé. Mais ça ne veut pas dire que je refuse de discuter parce que c'est un sujet sur lequel j'ai encore beaucoup à apprendre.
Delenda est Hadopi

ploufplouf
Messages : 5
Inscription : jeu. 31 mai 2012, 17:21

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar ploufplouf » jeu. 31 mai 2012, 17:49

à la lecture des nombreux propos réglementaristes qui traversent cette discussion, je pense qu'il est nécessaire de rappeler quelques sémantiques:
- les idéologies n'appartiennent à personne : donc quand j'entends certains et certaines déclarer sans cesse que les opposants idéologiques, majoritairement les abolitionnistes, veulent et parlent à la place des autres, sous-entendu les personnes prostituées, j'aurais une réponse claire => 1. vous ne savez point qui et qui et qui fait quoi. 2. Plus encore, ce n'est pas parce qu'une personne ne subie directement une violence, elle n'est pas capable de la comprendre et de la désigner comme une violence. Il n'est en aucun cas nécessaire d'appartenir ou d'être désigné comme faisant parti du groupe dominé pour pouvoir agir contre la domination !
- quand j'entends certains fustiger les abolitionnistes de porter une position discriminantes, stigmatisantes et ayant un effet négatif sur la vie des personnes prostituées, j'ai envie de répondre que notre société a fait le choix d'abolir l'esclavage cad d'affirmer haut et fort que nous refusons que dans notre société perdure le système socio-économique reposant sur le maintien et l'exploitation de personnes au nom de la condition d'esclaves, au nom d'une soit-disante nécessité d'avoir des servant non libre qui appartiennent aux autres personnes. Affirmer l'abolition du système prostitueur c'est la même chose : c'est l'affirmation social du refus que perdure un système qui repose sur le maintien et l'exploitation de personnes au nom de la condition de personne prostituée, d'une espèce de sous-catégorie d'êtres humains dont on peut se servir. Cela n’empêche pas que perdure le système d'esclavage comme le système prostitueur qui restent des mécaniques de domination bien encrée dans notre société mais cela permet de l'atteindre, de créer des systèmes, des outils pour enrayer la mécanique du système et petit à petit de le détruire.
- plus encore, nous avons de nombreuses exemples de sociétés ayant fait ces différents choix et ce depuis un petit bout de temps, donc comme dirait le sociologue: nous avons de quoi observer... et l'observation démontre sans détour que le système réglementaire n'enraye pas la mécanique du système prostitueur, bien au contraire il le renforce: fait des proxénètes des chefs d'entreprise de servage, des personnes prostituées des servants dont on abuse (tarifs gradués avec préservatif, sans préservatifs, prix suivant la jeunesse de la personne prostituée etc) et augmente plus encore la prostitution infantile ; à la différence, les pays nordiques ayant fait le choix de suivre la voie de l'abolition mettent en exergue que les systèmes de réinsertion sociale fonctionne permettant aux personnes prostituées de sortir de ce système, de faire entrer dans les mentalités qu'une personne, que son corps ne s'achète pas, qu'il n'y a pas de quoi fantasmer un rapport sexuel non désiré etc
- enfin: la sexualité doit à mon sens rester un lieu de LOISIR, de PURE DÉSIR RECIPROQUE dans une société de consommation néolibérale où l'on tente sans cesse de nous sous-entendre que l'argent achète tout.


Bises,
Ploufplouf
Dernière édition par ploufplouf le jeu. 31 mai 2012, 18:14, édité 1 fois.

Avatar de l’utilisateur
clemage
Loup de mer
Messages : 861
Inscription : sam. 04 déc. 2010, 17:52

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar clemage » jeu. 31 mai 2012, 17:55

Tu compares la prostitution avec l'esclavage, mais où est le lien?
Les prostitués louent leur corps comme le fait n'importe lequel travailleur, seul le fait que ce travail n'est pas valorisé par la société fait qu'on y retrouve une plus forte proportion d'"esclaves" que dans d'autres secteurs.

On peut certes, essayer de se mettre à la place des prostitués, mais l'avis sera toujours moins pertinent que celui des prostituées elles-mêmes.

Pasmafaute
Pirate
Messages : 280
Inscription : mar. 29 sept. 2009, 14:45

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar Pasmafaute » jeu. 31 mai 2012, 18:14

ploufplouf a écrit :à la lecture des nombreux propos réglementaristes qui traversent cette discussion, je pense qu'il est nécessaire de rappeler quelques sémantiques:
- les idéologies n'appartiennent à personne : donc quand j'entends certains et certaines déclarer sans cesse que les opposants idéologiques, majoritairement les abolitionnistes, veulent et parlent à la place des autres, sous-entendu les personnes prostituées, j'aurais une réponse claire => 1. vous ne savez point qui et qui et qui fait quoi.

Je sais (à peu près) ce que je fais : je trouve cette remarque absurde en l'état. Je ne vois pas ce qu'elle apporte, il faudrait au minimum une clarification.

2. Plus encore, ce n'est pas parce qu'une personne ne subie directement une violence, elle n'est pas capable de la comprendre et de la désigner comme une violence. Il n'est en aucun cas nécessaire d'appartenir ou d'être désigné comme faisant parti du groupe dominé pour pouvoir agir contre la domination !

Certes. N'empêche que parler à quelqu'un qui est concerné au premier chef permet de sortir des suppositions et autres abstractions et se confronter à la réalité même si le résultat n'est pas toujours confortable. Si tu luttes pour défendre un peuple ou une catégorie opprimée, la meilleure et probablement une des première choses à faire est de te mettre en contact avec les personnes concernées plutôt que d'essayer de tout penser tout seul de façon platonicienne.

- notre société a fait le choix d'abolir l'esclavage (...) Affirmer l'abolition du système prostitueur c'est la même chose (...) Cela n’empêche pas que perdure le système d'esclavage comme le système prostitueur qui restent des mécaniques de domination bien encrée dans notre société mais cela permet de l'atteindre, de créer des systèmes, des outils pour enrayer la mécanique du système et petit à petit de le détruire.

La comparaison est intéressante mais l'Histoire enseigne que détruire petit à petit le système, ça n'existe que dans l'envie de certains. Ça a été essayé à maintes reprises et pendant longtemps. Le fait est que ça ne marche pas. Mais vraiment pas.

- plus encore, nous avons de nombreuses exemples de sociétés ayant fait ces différents choix et ce depuis un petit bout de temps, donc comme dirait le sociologue: nous avons de quoi observer... et l'observation démontre sans détour que le système réglementaire n'enraye pas la mécanique du système prostitueur, bien au contraire il le renforce: fait des proxénètes des chefs d'entreprise de servage, des personnes prostituées des servants dont on abuse (tarifs gradués avec préservatif, sans préservatifs, prix suivant la jeunesse de la personne prostituée etc) et augmente plus encore la prostitution infantile ;

Là, je ne peux que t'inviter à relire le fil. La question a naturellement été abordée et il y a eu un début de réflexion sur la meilleure manière d'éviter ce dont tu parles.

à la différence, les pays nordiques ayant fait le choix de suivre la voie de l'abolition mettent en exergue que les systèmes de réinsertion sociale fonctionne permettant aux personnes prostituées de sortir de ce système, de faire entrer dans les mentalités qu'une personne, que son corps ne s'achète pas, qu'il n'y a pas de quoi fantasmer un rapport sexuel non désiré etc
- enfin: la sexualité doit à mon sens rester un lieu de LOISIR, de PURE DÉSIR dans une société de consommation néolibérale où l'on tente sans cesse de nous sous-entendre que l'argent achète tout.

Encore une fois, un travers du système abolitionniste : plutôt que de résoudre autant que faire se peut un problème concret, on dérive vers la volonté de faire entrer des choses dans les mentalités. C'est bête à dire mais si tu tentes de faire changer ma mentalité par la force, le résultat a tendance à être franchement contre-productif. Sinon, d'accord avec les systèmes de réinsertion pour celles qui le veulent, il en a été question un certain nombre de fois dans la discussion.
Delenda est Hadopi


Revenir vers « Santé »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 5 invités