Olivier Soares Barbosa a écrit :Des quantités de relations sexuelles existent dans un contexte qui n'est pas dépourvu de contraintes économiques ( cas d'une femme au foyer qui dépend économiquement de son mari pour vivre et pour élever ses enfants par exemple ) cette contrainte économique n'est pas telle qu'elle puisse à elle seule déterminer que l'acte sexuel lui-même a été contraint.
Voir les choses ainsi, c'est juste un choix, un moyen de ne pas trop se soucier de certains. Tu poses des degrés de contrainte, avec un seuil qui, selon toi, fait d'une contrainte autre chose -quoi ?-. Soit, c'est ton droit de jouer avec les mots. Il n'en reste pas moins que pour moi de l'eau boueuse, de l'eau de piscine, ou de l'eau de source, ça reste de l'eau.
Olivier Soares Barbosa a écrit :Il peut l'avoir été (c'est alors du viol conjugal) comme il peut ne pas l'avoir été et le couple avoir choisi ce mode de vie qui convient peut-être à l'un et à l'autre.
Là, tu pars du principe que ceux qui ne se débattent pas sont consentants. C'est un point de vue bien pratique, là encore, pour s'épargner le tracas de prendre en considération ceux qui ne sont même plus en état de résister.
Je vais te raconter une anecdote, un reportage sur le samu psychiatrique que j'ai vu à la télé il y a quelques années.
Le reportage débute avec le psychiatre de service, un jeune homme en uniforme -sa blouse, blanche- qui répond à un coup de fil. Au bout du fil, une voix masculine hurle.
-"CA R'COMMENCE ! PEUT PLUS DURER !"
-"Calmez-vous, Mr..."
Jusque là, je me disais que le patient ça devait être ce type fou de rage. Mais non.
-"ELLE RECOMMENCE ! FAUT VOUS V'NIEZ LA CHERCHER !"
Là, le médecin prend les coordonnées du type pour se rendre chez lui. Le binoclard, déboule donc là dedans -un appart bien pourri d'une banlieue bien pourrie où la binocle ne mettra jamais les pieds sans être indemnisé-, et s'informe de la situation. Le prolo n'en peut plus, sa femme laisse tout partir à vau l'eau : elle ne fait plus le ménage, sans doute mal la cuisine, et ne se lave plus. Et le travailleur tout ça ça l'agace : il bosse lui. La moindre des choses, selon lui, quand un mâle se fait traiter comme une merde contre salaire, c'est qu'il puisse compter retrouver le soir une femelle tout aussi soumise que lui l'est dans la journée. Il veut que son appart soit propre. Et son appart c'est aussi sa femme. T'aurais envie de tringler une grosse crado qui ne se lave plus, toi, Olivier Soares Barbosa ? Ben lui, c'est pareil : ça lui coupe l'envie.
Alors le psychiatre fait son travail. Dans un premier temps, il explique à l'épouse qu'il faut qu'elle se reprenne, que gnagnagni, que gnagnagna. Et dans un second temps, il la menace de l'interner. Là, la femme qui ne disait plus grand chose, bredouille un semblant d'accord, un consentement comme tu dis. Le binoclard remballe son carnet, et les laisse à leur vie de merde. La femme a sans doute été prendre une douche en insistant un peu à l'entrejambe. Et le mari devait sans doute ne plus se sentir pisser d'avoir la chance d'être à ce point soutenu dans sa barbarie par l'état, et la médecine.
Je ne vois aucun consentement ici. Juste une boucherie, un viol autorisé par l'état et la psychiatrie. Mais sur le plateau, les journalistes étaient admiratives du dévouement de ce jeune psychiatre, qu'elles ont du s'avouer trouver très sexy en off.
Tout votre discours de légalisation de la prostitution repose sur l'idée qu'une contrainte économique n'est pas une contrainte. Soit, il y a des individus suffisamment résistants pour endurer l'inconfort d'une contrainte. Mais ça n'en reste pas moins une contrainte. Et il y a aussi des individus tellement affaiblis qu'ils n'ont même plus la force de ne pas consentir, qui prennent les sales coups qui viennent sans plus savoir seulement où ils en sont, qui "consentent" comme vous dites. Comme s'ils avaient le choix.