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D. Vaillant:"il faut légaliser le cannabis sous contrôle"

daniel
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D. Vaillant:"il faut légaliser le cannabis sous contrôle"

Messagepar daniel » mer. 15 juin 2011, 12:27

http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/06/15/daniel-vaillant-pour-mieux-lutter-contre-le-trafic-de-cannabis-il-faut-legaliser-sous-controle_1536320_3224.html#ens_id=1531546

Le député PS et ancien ministre de l'intérieur Daniel Vaillant devait présenter, mercredi 15 juin, au groupe socialiste un rapport sur le cannabis, fruit du travail d'une dizaine de parlementaires. Ils ont auditionné des policiers, magistrats, sociologues, addictologues, malades.

Ces députés appellent à "sortir de l'hypocrisie", et plaident pour une "légalisation contrôlée" par l'Etat, pour mieux lutter contre les dangers du haschich. Devançant les critiques, Daniel Vaillant explique que "le vrai laxisme, c'est le statu-quo".

Quel bilan tirez-vous de la situation française ?

Daniel Vaillant : Le paradoxe, c'est que la France s'illustre par une législation des plus répressives d'Europe alors que le niveau des consommations, notamment chez les 15-24 ans, est l'un des plus forts ! La loi interdit l'usage du cannabis, et on en a jamais autant consommé, et de plus en plus mal. Pour lutter contre la consommation problématique et le trafic, il faut sortir de cette hypocrisie. Si les gens doivent fumer, alors il faut qu'ils puissent fumer mieux. Cela m'affole : aujourd'hui, l'appât du gain pousse les dealers à ajouter des microbilles de verre ou de la poudre de pneu pour alourdir la résine de cannabis. La consommation n'est certes pas une conduite à suivre, mais le vrai laxisme, c'est le statu quo.

Je trouve trop facile de se camoufler au nom de la bonne conscience. Moi, je n'ai jamais fumé un joint et je suis choqué par tous ces politiques qui reconnaissent qu'il leur est arrivé, ou qu'il leur arrive encore, d'en fumer, et ne veulent pas bouger. Or, il faut bien qu'ils s'approvisionnent quelque part ! L'hypocrisie, c'est aussi d'avoir, d'un côté, ceux qui consomment de manière bourgeoise, sans grand risque de contrôle ou de nocivité pour leur santé, et les autres, qui fument dans les cages d'escaliers.

Que préconisez-vous ?

Il faut mieux informer et prévenir, contraventionnaliser les conduites à risque, et pour mieux lutter contre le trafic, légaliser sous contrôle. Cela consisterait à ce que l'Etat encadre la production – ce qui permettrait de s'assurer de la qualité du produit –, ainsi que l'importation et la distribution dans des lieux dédiés. Plutôt que dépénaliser, je préfère changer totalement de pied. La dépénalisation apparaît comme un droit à la consommation, comme une liberté supplémentaire. Je ne suis pas dans cette logique. La légalisation, elle, permet de lutter contre le trafic.

La secrétaire d'Etat à la santé, Nora Berra, s'est opposée à toute modification de la législation, rappelant les dangers de la consommation du cannabis…

Et elle a bien fait, car, oui, le cannabis est dangereux. Mais rien ne sert de culpabiliser les consommateurs comme le fait la droite. Je me demande en outre pourquoi l'UMP ne tient pas le même discours sur l'alcool, où, à la différence du cannabis, les lobbies sont puissants. C'est aussi ça, l'hypocrisie.

La question de la légalisation du cannabis est-elle aussi une question de moyens ?

Oui, car la consommation et le trafic coûtent cher d'un point de vue économique et social. Il faut redonner du temps aux policiers pour lutter efficacement contre le trafic de stupéfiants, désembouteiller les tribunaux en arrêtant les poursuites pour usage de cannabis, et consacrer l'argent économisé à la prévention. La situation sanitaire se détériore. Nous sommes dans une situation d'échec, c'est cela, la vérité.

Ne serait-il pas risqué pour le candidat PS à la présidentielle de se positionner sur ce sujet ?

Je pense que la question sera forcément posée. Il est donc utile de préparer le candidat ou la candidate à pouvoir y répondre. Mais je ne veux pas l'embarrasser. Je propose qu'il s'engage, s'il est élu, à organiser un débat public sur la question. Je ne fais pas un coup politique ; sur ce sujet, il y a plutôt des coups à prendre. S'il s'agissait de consommation marginale, je ne prendrais pas le risque de me faire étriller par la droite et, peut-être, par mes propres amis, mais ce n'est pas le cas.


J'ai l'impression que la France se réveille et que certaines personnes commencent à se rendre compte que la répression et l'autoritarisme ne donnent rien de bon. :mrgreen:

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marou
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Re: D. Vaillant:"il faut légaliser le cannabis sous contrôle"

Messagepar marou » mer. 15 juin 2011, 13:42

J'aime bien la façon dont c'est présenté, c'est clair et concis, et ça semble se reposer sur une véritable étude un minimum indépendante, qui ne cherche pas à nier les effets négtifs du cannabis mais au contraire à les encadrer.

Si on se penche sérieuseument sur le sujet au PP, j'aimerais bien que ça soit comme ça.
Quelles que soient les barrières que l'on vous oppose,
il est en votre pouvoir de les franchir ;
vous n'avez qu'à le vouloir.
Olympe de Gouges

daniel
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Re: D. Vaillant:"il faut légaliser le cannabis sous contrôle"

Messagepar daniel » mer. 15 juin 2011, 13:54

marou a écrit :J'aime bien la façon dont c'est présenté, c'est clair et concis, et ça semble se reposer sur une véritable étude un minimum indépendante, qui ne cherche pas à nier les effets négtifs du cannabis mais au contraire à les encadrer.

Si on se penche sérieuseument sur le sujet au PP, j'aimerais bien que ça soit comme ça.

Le PP ne peut se développer que s'il élargit ses idées au delà des sujets concernant le numérique. Il y a un point commun à tous les sujets de prédilection du PP et la prohibition des drogues, la répression. Il existe un vrai clivage dans la société français concernant la répression et l'autoritarisme sans que personne en parle. Je pense qu'une grande partie des sujets politiques d'aujourd'hui peuvent être analysés à travers cette approche qui me paraît même plus pertinente que le clivage gauche/droite, jacobin/décentralisateur, européen/souverainiste etc.

Je pense que l'enjeu d'une société non répressive et non autoritaire est le principal enjeu politique d'aujourd'hui.

daniel
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Re: D. Vaillant:"il faut légaliser le cannabis sous contrôle"

Messagepar daniel » mer. 15 juin 2011, 18:41

http://www.lemonde.fr/societe/chat/2011/06/15/faut-il-depenaliser-les-drogues_1536313_3224.html#ens_id=1531546

L'intégralité du débat avec Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction, mercredi 15 juin 2011

Mik : Tout ce qui est interdit attire, alors pensez-vous que la dépénalisation du cannabis permettrait tout de même une baisse de sa consommation ?


L'attrait de l'interdit concernant le cannabis est aujourd'hui relatif. On voit dans beaucoup de scénarios d'addiction que ce qui attire, c'est la sensation, la notion d'excès. Par exemple, dans le "binge drinking", ce n'est pas boire une substance interdite, c'est boire jusqu'à l'excès.

Pour nous, changer le statut de la drogue jouerait moins sur l'interdit que sur la façon dont on traite son usage, sur les réponses qu'on peut donner et sur les conséquences de ces réponses.
Le cannabis est de moins en moins consommé parce qu'il est interdit.

L'idée, c'est que si ce n'est pas l'interdit qui attire, ce sont d'autres mécanismes qui font qu'on consomme. La banalisation de la recherche de sensations, la banalisation de la réponse chimique, et la levée de l'interdit pénal devrait permettre un meilleur travail sur ces motivations. Et donc une meilleure régulation du niveau d'usage.

Hausfat : En quoi la dépénalisation pourrait-elle permettre de mieux lutter contre le trafic ?

L'hypothèse d'une dépénalisation pour lutter contre le trafic repose sur l'idée qu'on mettrait en place la chaîne complète – la production, la vente, la garantie de qualité – pour aboutir à un système régulé d'offre de cannabis, et non plus le système de marché noir qu'on a actuellement.

SaiFFeR : N'est-il pas important de rééduquer la population avant de dépénaliser le cannabis par exemple ? Pour le français moyen, l'alcool ou la cigarette ne sont pas des drogues, et il s'offusque immédiatement lorsque l'on parle de cannabis qui est (dites-moi si je me trompe) aussi dangereux que la boisson ou le tabac ! N'est-il pas dangereux de basculer tout d'un coup du "c'est très mal et très dangereux et c'est pour ca qu'on l'interdit" à "c'est pas plus dangereux que ce qui est déjà légal, faut juste faire attention" ?

En tout cas, la dépénalisation à elle toute seule ne serait pas suffisante. La dépénalisation n'aura de sens que si elle est accompagnée d'une série de mesures éducatives, d'une série de mesures au contact des usagers, des familles, pour effectivement ne pas tomber dans ce manichéisme, dans ces virages à 180°, avec tous les dangers qu'ils ont.

Aujourd'hui, on est bien convaincu que la comparaison de la dangerosité d'un produit au regard d'un autre est un jeu dangereux. Chaque produit a sa dangerosité spécifique, chaque produit a son non-dangerosité spécifique. Le LSD n'est pas dangereux en termes de dépendance, mais est très dangereux en termes de risques psychiatriques. Le tabac est peu dangereux en termes de risques psychiatriques et fait des millions de morts au niveau somatique.

C'est donc en sortant de ce raisonnement – bonne dangerosité, mauvaise dangerosité –, en s'intéressant aux comportements de consommation dans leur ensemble, que l'on pourra trouver le meilleur point d'équilibre.

Guest : Quels sont les modèles de production et de distribution des drogues dans les pays qui en ont "légalisé" leur usage ? Quels sont les pourcentages prélevés par l'Etat et quels revenus génèrent-ils chaque année ?

C'est une question qui demanderait plus de temps pour définir décriminalisation, dépénalisation, légalisation, tout un vocabulaire juridique. En Europe, les pays sont signataires des mêmes accords, les accords de Schengen, qui eux-mêmes reprennent les grandes conventions internationales dont on parle beaucoup aujourd'hui, avec les appels à la fin de la guerre à la drogue.
C'est donc à l'intérieur du cadre de ces conventions que les pays peuvent faire évoluer leur politique. Un pays comme les Pays-Bas, qui n'a donc pas en tant que tel légalisé le cannabis, a choisi de ne pas en criminaliser l'usage individuel.

Le Portugal vient de faire évoluer ces dernières années sa politique dans le même sens.

On peut constater que non seulement il n'y a pas eu d'augmentation de l'usage du cannabis chez les habitants de ces deux pays, mais que globalement, les indicateurs de santé publique, les indicateurs de sécurité publique ont, et notamment pour le Portugal, évolué de façon très positive. Les Pays-Bas ont choisi de mettre en place, en plus, un système de vente, les fameux "coffee shops", qui ont généré un tourisme du cannabis, avec des problèmes "de touristes".

925 : Comment expliquez-vous que la France soit l'un des pays européens où la consommation de cannabis est la plus forte, alors qu'elle est en même temps l'un des pays les plus répressifs sur ce point de vue ?

Parce qu'on a tout confié à l'interdit légal. L'idée, c'est que la pénalisation de l'usage devrait être à elle seule dissuasive. Or, encore une fois, on consomme pour des tas de raisons, extrêmement différentes, dans des circonstances elles-mêmes différentes. Par exemple, on consomme dans une culture festive, on consomme pour échapper à des problèmes, on consomme pour faire comme les autres.

Le seul interdit ne peut répondre à cette diversité de cas. On peut ajouter que des études montrent par exemple l'impact des modes de vie qui précèdent la consommation : des enfants habitués à passer plusieurs heures devant la télévision, éventuellement à y regarder des images pornographiques, consommeront plus d'alcool et plus de cannabis et plus de tabac.

D'autres études ont montré, à l'inverse, que le régime légal n'avait quasiment pas d'influence sur les niveaux de consommation. La réponse est donc plus à trouver dans l'accompagnement éducatif, y compris avec des règles et des sanctions, que dans une simple réponse juridique.

don lope : L'argument généralement répété par les opposants à une dépénalisation du cannabis est que d'autres drogues, plus dures, viendront prendre sa place dans l'économie souterraine. Mais n'est-ce pas déjà le cas ? Il me semble que le marché de la cocaïne, par exemple, n'a pas attendu une dépénalisation du canabis pour exploser ces dernières années...

C'est évident que la cocaïne n'a pas attendu le changement éventuel de statut pénal du cannabis pour se diffuser et s'implanter. Comme souvent, comme ce fut le cas à l'époque punk, comme ce fut le cas dans d'autres périodes, l'arrivée d'une substance répond à un contexte culturel, sociétal, qui la rend attractive. Et encore une fois, son statut pénal va au final peser assez peu.

Cela dit, la question d'un déplacement dans le trafic d'un produit mérite d'être posée. On sait que le durcissement des conditions d'accès au tabac a généré une certaine reprise de la revente illicite de cigarettes.

Sur ce domaine, rien n'est simple, et ceux qui proposent de faire évoluer la loi savent qu'il faut le faire avec prudence et en l'accompagnant d'une évaluation adaptée.

Laurent (CH) : A-t-on une vague estimation ou idée depuis quand l'homo sapiens consomme des drogues, et plus précisément fume le cannabis ? Est-ce une pratique de l'homme moderne uniquement ?

C'est une vraie question. Selon les études, le cannabis est consommé depuis la naissance de pratiquement toutes les civilisations, avant Jésus Christ en Chine, dans les textes traditionnels hindous, on sait qu'on peut le faire pousser un peu partout, et on sait que l'usage de substances accompagne l'homme. Après, c'est une question de parents, d'éducation.

Jusqu'à quel point je vais faire appel à des substances pour soulager mes douleurs, décupler mon plaisir, améliorer mes performances ?

Cette question accompagne nos vies, et la relation aux drogues en est l'exemple le plus spectaculaire.

Bimbadaboum : Quid de la question de l'auto-production, cultiver chez soi des plans de cannabis demeurt illégal, or c'est la manière la plus sûre de contrôler la qualité de son produit ainsi que son degré de THC. Autoriser l'autoproduction dans une mesure raisonnable pourrait être un moyen de dammer le pion aux dealers... Des milliers de personnes cultivent déjà un ou plusieurs plans aujourd'hui, autoriser cette pratique ne participerait-il pas de ce processus visant à encadrer une consommation qui peut être problématique et avant tout de s'assurer de ce que l'on fume ?

Là encore, on peut voir comme la question le montre les avantages de l'autoproduction, et on peut en même temps se dire qu'aucune solution n'est en elle-même garante d'éviter tous les problèmes. L'autoproduction aujourd'hui permet à certains, c'est vrai, de mieux contourner le dealer et de mieux suivre leur production. Elle n'est pas aussi simplement que ça à la portée de tout le monde, et elle n'est pas à mettre entre les mains de tout le monde. Il y a des personnes qui ne seraient pas à même de gérer seules l'autoproduction.

Là encore, la réponse doit croiser les données de production, les données d'éducation, les données d'accompagnement.

A une époque, l'autoproduction d'eau-de-vie par les alambics n'avait pas complètement résorbé, et même un peu aggravé, chez certains, les problèmes d'alcoolisme chronique.

Marine : Entre prohibitionisme et dépénalisation, qu'en est-il des politiques de réduction de risques et de réduction des dommages en France ?

La politique de réduction des risques et des dommages fait partie de cet arsenal de réponses qui viendrait compléter "le changement de statut pénal". La réduction des risques est absolument nécessaire dans ce cadre-là comme dans d'autres, et sans tomber dans le jargon trop professionnel, des outils comme l'intervention précoce, c'est-à-dire la capacité à proposer des réponses adaptées dès les premières expérimentations, si elles ont lieu, des outils comme l'éducation "expériencielle", c'est-à-dire la capacité à accompagner les premières expériences des adolescents pour qu'ils en comprennent les risques et en ressentent mieux les effets, tous ces outils permettraient de remplacer l'interdit unique par une succession de propositions éducatives.

La réduction des risques serait donc au cœur de ces nouvelles réponses.

Floran : Est-ce qu'il ne serait pas plus cohérent d'interdire le tabac et l'alcool tout en renforçant les sanctions pour les consommateurs de toutes les drogues ?

925 : Un tableau présent sur le site de l'Assemblée nationale montre les dangers des drogues aux différents niveaux (physique, psychique, addiction, etc...). Le cannabis y est montré comme beaucoup moins dangereux que le tabac et l'alcool dans la plupart des domaines. Comment expliquer, au niveau moral, que l'on ne laisse pas les citoyens consommer du cannabis, alors que tabac et alcool sont en vente libre ? La liberté inclut après tout des responsabilités, mais chacun a le droit de disposer librement de son corps...

Encore une fois, la question sur la dangerosité est une question piège. La dangerosité moindre du cannabis ne l'est que sur certains domaines. A l'inverse, le tabac modifie moins le psychisme, mais rend plus dépendant.

La comparaison de dangerosités ne peut jamais se faire dans l'absolu. Un enfant de 14 ans qui fume des joints modifie à l'instant même le fonctionnement de son cerveau, son sens de l'attention, de la concentration, de la mémoire. Et il peut en découler des conséquences scolaires quasi instantanées.

Le même enfant qui fume du tabac amorce un cycle qui pourra le conduire, par exemple, au cancer, mais laissera quelques années pour intervenir. On peut comprendre que les parents s'inquiètent plus de l'un, du coup, que de l'autre. Même si, en termes de santé publique, on trouvera les conséquences tout aussi graves. C'est donc moins la dangerosité dans l'absolu que la dangerosité ramenée à une personne et à un moment de son existence.

C'est pour cela qu'il nous paraît nécessaire de faire évoluer les politiques publiques, de sortir d'un interdit manichéen qui n'a d'ailleurs pas empêché les jeunes de consommer, et de revenir à une politique plus en contact avec ce qui les amène à consommer, le bénéfice qu'ils en tirent, les risques qu'ils prennent, de façon à mieux les aider, eux et leurs familles, à ne pas s'installer dans ces comportements.

Dernier point concernant l'interdit : il est toujours difficile d'interdire ce à quoi la société incite. Or, nous sommes dans une société fondamentalement addictogène. Nous sommes dans une société qui incite à consommer, à rechercher des sensations fortes, à aller au bout de soi-même, qui ridiculise les réponses éducatives. C'est en ce sens-là aussi qu'un changement de politique gagnerait en cohérence.

Ferou : A-t-on des chiffres sur l'impact de la consommation de cannabis sur les accidents de la route ?

Azevedo Jonathan : Qu'adviendra-t-il du contrôle salivaire et des nouvelles réglementations pour la conduite si le cannabis se voit être légalisé sous contrôle ?


A l'évidence, si l'on fait évoluer la législation sur le cannabis, il faut accepter que le contrôle routier soit amélioré. Personne ne pourrait comprendre qu'on laisse conduire quelqu'un dans un état incompatible avec le fait de conduire. Donc les personnes qui sont pour l'évolution du statut légal du cannabis intègrent que, comme pour d'autres substances, et même comme pour d'autres produits, puisqu'on vient de le faire avec le téléphone portable, il faut que le conducteur soit dans un état compatible avec le fait de conduire.

Actuellement, les tests salivaires ont été mis au point, ils sont soumis à un certain nombre de critiques, ils doivent être améliorés, notamment pour être bien sûr et pour permettre de discriminer quand la personne conduit sous l'effet du cannabis, et quand la personne conduit en ayant consommé dans les jours qui précèdent du cannabis, mais sans être sous l'effet du produit.

Ferou : Ce débat sur la dépénalisation revient souvent, surtout en période électorale, mais quelles sont vraiment les chances de voir la loi évoluer à ce sujet ?

Là, clairement, il revient parce que des tas de pays, qui ne sont pas dans un calendrier électoral, ont souhaité poser la question d'une évolution des réponses pénales aux drogues. Les grandes associations professionnelles en France pensent que la réponse aux drogues, ce n'est pas forcément interdire ou autoriser, mais c'est diminuer les dommages pour les personnes qui consomment comme pour la société dans laquelle on est.

Considérer qu'une loi votée dans les années 1970 reste la réponse adaptée plus de 40 ans, c'est tout sauf scandaleux, c'est chercher à adapter la réponse à un contexte qui a beaucoup changé et faire que cette réponse soit plus efficace et moins destructrice pour un certain nombre de personnes. Ensuite, la capacité des partis politiques à s'emparer de cette question, ce n'est pas moi qui peux vous répondre, mais l'expérience montre que c'est une des questions sur lesquelles on a le plus de mal, en France, à avoir un débat de qualité.

Très vite, c'est un débat caricatural ; très vite, c'est laxiste contre hyper-autoritaire. Quand on est parent et qu'on a un enfant qui consomme, on sait qu'il faut parler avec lui du plaisir qu'il trouve dans sa consommation. Parce que c'est de ce côté-là que se joue pour lui l'attrait du produit. Et dès qu'on veut entrer dans un débat politique, on nous dit : parler du plaisir des drogues, non. Donc on continue d'avoir un débat sur la moitié du problème : la dangerosité, pas l'attractivité.


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Raphaël Florès
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Re: D. Vaillant:"il faut légaliser le cannabis sous contrôle"

Messagepar Raphaël Florès » sam. 18 juin 2011, 04:45

Là où le PP rejoint directement la question du cannabis, c'est par sa numérisation. Maintenant, grâce à Internet n'importe qui peut faire pousser chez soi. Et ça, les flics l'ont parfaitement compris et s'invitent désormais chez le français lambda qui a une production toute aussi lambda: http://cannabissansfrontieres.org/voula ... s,538.html .

Bref, aujourd'hui on ne peut même plus fumer son pétard tranquille chez soi, alors qu'on a ni alimenté les talibans ni proposé son chichon aux mioches de la voisine. Alors la seule solution c'est celle de rentrer dans la clandestinité, encore un peu plus, et d'avoir comme nécessité l'anonymat. Comme si on vendait des armes. Comme si on violait des gamins. Comme si on téléchargeait des fichiers enfermés dans leur vieux droit de la propriété intellectuelle toute moisie.

Personne n'a remarqué, ou en tout cas ne s'est ému (si ce n'est la Cour européenne des droits de l'Homme, m'enfin elle ça fait un bail que nul ne l'écoute qu'après des décennies de remontrances...), que la nouvelle procédure de garde-à-vue maintient un régime ultra-liberticide englobant pèle-mêle le terrorisme, le grand banditisme, et les infractions à la législation sur les stupéfiants. En gros, les trois sont assimilés. Et ça, tout le monde s'en fout! Pourtant c'est sans doute ce qui illustre plus la connerie de notre système français (ou voire au niveau fédéral aux USA avec le dévoiement du Patriot Act sur ce même sujet).
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Re: D. Vaillant:"il faut légaliser le cannabis sous contrôle"

Messagepar daniel » sam. 18 juin 2011, 15:46

L'ensemble des sociétés occidentales se développent vers une répression de plus en plus grande depuis plus de 15 ans. Je ne pense pas que l'on peut dissocier la répression dans le domaine numérique de l'ensemble de la répression. Je pense même que l'avenir du PP en dépend, soit il élargit son programme et il devient un parti qui a des choses à proposer qui intéressent une partie importante de la population, soit il reste un parti marginal sans influence.

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Re: D. Vaillant:"il faut légaliser le cannabis sous contrôle"

Messagepar RBouhl » sam. 18 juin 2011, 17:00

daniel a écrit :
L'ensemble des sociétés occidentales se développent vers une répression de plus en plus grande depuis plus de 15 ans. Je ne pense pas que l'on peut dissocier la répression dans le domaine numérique de l'ensemble de la répression. Je pense même que l'avenir du PP en dépend, soit il élargit son programme et il devient un parti qui a des choses à proposer qui intéressent une partie importante de la population, soit il reste un parti marginal sans influence.

Pas forcément. Le vote PP peut aussi devenir un vote "plein le cul", comme certains votes FN. Une façon de dire "vous me faites chier, regardez je préfère voter pour le PP avec son programme uniquement numérique, j'espère que vous comprendrez la leçon!"

Parce que, AMHA, ça va être difficile de mettre d'accord l'ensemble des adhérents et sympathisants du PP d'accord sur autre chose que le numérique. :P

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Re: D. Vaillant:"il faut légaliser le cannabis sous contrôle"

Messagepar daniel » sam. 18 juin 2011, 17:25

RBouhl a écrit :Parce que, AMHA, ça va être difficile de mettre d'accord l'ensemble des adhérents et sympathisants du PP d'accord sur autre chose que le numérique. :P

C'est un problème de toute action politique. Plus on est nombreux moins on est d'accord entre nous. Il faut chercher des compromis et élargir nos positions d'une manière cohérente. Mais c'est le secret de la réussite, un parti ne peut devenir puissant que s'il arrive à mettre assez de gens d'accord avec son action.

Je ne dis pas que mes idées sont forcément bonnes et qu'il faut les accepter en état. Je pense juste qu'il serait opportun d'en débattre et de proposer des compromis acceptables suffisamment.

Pour l'instant le PP ne fait pas partie du paysage politique français, il n'a pas encore la masse critique nécessaire pour avoir une influence sur la vie politique. :x

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Raphaël Florès
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Re: D. Vaillant:"il faut légaliser le cannabis sous contrôle"

Messagepar Raphaël Florès » dim. 19 juin 2011, 15:12

En tout cas, n'oublions pas ce que nos politichiens nous font subir quel que soit leur bord:

M. Christian Hutin. Qu’est-ce que cela veut dire? Nous sommes dans une situation extrêmement étonnante.

M. Alain Néri. Et détonante!

M. Christian Hutin. Elle peut être à tout moment détonante, en effet.

Au minimum, nous demandons que ces opérateurs ne puissent pas réutiliser leurs fichiers, c’est-à-dire leurs acquis illégaux. Ce serait tout de même la moindre des choses. Dans cet hémicycle, c’est la première fois qu’on verrait une chose pareille: une amnistie totale.

Aurélie Filippetti avait utilisé lors de la discussion générale une comparaison que j’ai d’ailleurs reprise hier en m’exprimant sur une chaîne de télévision: c’est comme si nous décidions, dans un vent de folie, d’autoriser le cannabis en France…

M. Yves Censi. Il ne faut pas pousser!

M. Christian Hutin. Si, si, c’est exactement la même chose!

La vente de cannabis est illégale. Tout d’un coup, le Parlement décide de légaliser le cannabis.

M. Yves Censi. Ne prenez pas vos désirs pour des réalités!

M. Franck Gilard. Qu’en pensent les Verts?

M. Christian Hutin. Tous ceux qui l’auront vendu illégalement jusqu’ici vont demander un agrément pour le vendre, et on leur donnera le feu vert. Ce serait quand même énorme!


L'UMPS en pleine oeuvre! C'était avec l'ARJEL, prémisse d'un filtrage annoncé et nouvelle pierre à un système juridique de plus en plus liberticide...
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Re: D. Vaillant:"il faut légaliser le cannabis sous contrôle"

Messagepar flu-flu » dim. 19 juin 2011, 16:16

Moi, je suis quelqu'un de simple. Dans la mesure où l'alcool est en vente libre, le cannabis doit l'être. Sinon, on doit interdire l'alcool.
Qui est d'accord ? ;-)

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Re: D. Vaillant:"il faut légaliser le cannabis sous contrôle"

Messagepar cry-stof » dim. 19 juin 2011, 16:49

d'interdire l'alcool en plus du cannabis?
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Re: D. Vaillant:"il faut légaliser le cannabis sous contrôle"

Messagepar daniel » dim. 19 juin 2011, 17:49

Raphaël Florès a écrit :En tout cas, n'oublions pas ce que nos politichiens nous font subir quel que soit leur bord

La répression n'est ni de droite ni de gauche. Nous allons bientôt vivre 10 ans de répression forte organisée par Nicolas Sarkozy depuis 2002. Je pense que la répression sera le thème principal de la prochaine campagne.


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