Le Time, la culture et Maurice Druon

[pers]

Les liens devraient fonctionner en fait (on a fait tout ce qu'il fallait pour).

- qui est mort ?

- pourquoi Druon est encore vivant ?

- pourquoi le Figaro ?

- pourquoi pose-t-il seulement les mauvaises questions ?

- pourquoi ne définit-il aucun de ses concepts ? (qu'est-ce qu'une culture morte ? vivante ? qu'est -ce qu'un artiste ?)

etc...

MPoppins : entièrement d'accord.

[floyd]

Non, la culture française n’est pas morte !



L’édition européenne de «Time» dresse un constat noir de l’état de notre culture. Maurice Druon répond, «Le Figaro» a enquêté.
Et voilà ! Ça recommence. Tous les quatre ou cinq ans, les États-Unis sont pris d’une fièvre antifrançaise que l’un de leurs grands médias se charge de communiquer à l’univers. Assez de temps s’est écoulé depuis la crise précédente pour qu’on ait pu l’oublier. L’attaque paraît alors toute neuve. Si j’étais adolescent, je serais désespéré.
Cette fois, c’est Time qui mène l’opération, ayant jugé l’affaire d’assez d’importance pour lui consacrer sa page de couverture. «The Death of French Culture». C’est la mort d’une star mondiale. Alors sortons vite nos vêtements de funérailles. Cela ne fait que la quatrième ou cinquième occasion que l’on m’aura invité à m’en affubler.
L’attaque est perfide, car elle prend le ton de la déploration. Pauvre France, qui se saigne aux quatre veines pour ses artistes. Elle aura publié cette saison sept cent vingt-sept romans. Elle aura entretenu à prix d’or ses théâtres lyriques, ses musiciens, ses danseurs. Elle aura subventionné ses théâtres, maintenu dans le monde le plus grand nombre d’établissements culturels. Et tout cela pour rien. La moitié des billets de cinéma l’auront été pour voir des films américains.
J’abrège, mais je reste dans le propos. Tout cela semble sans queue ni tête, et n’en a aucune, effectivement, parce que l’auteur a l’esprit complètement faux et confond, comme la plupart de son public, culture et divertissement. Il met dans la même rubrique Proust, Monet, Piaf et Truffaut, et voit la France décédée parce que nous n’avons pas, dans l’instant, des célébrités de cette taille.
Facile de lui répondre, en s’en tenant à son barème, que nous avons Johnny Hallyday, qu’il cite lui-même.
La culture n’est pas déterminée par le box-office de la semaine. La culture s’exerce sur la durée. Il n’y a pas dix ans que Buffet est mort, et ses tableaux sont dans tous les musées de la planète. Sartre et Malraux sont encore nos contemporains. Et que tous les créateurs du monde soient accueillis par la France n’est pas un fléchissement, mais la preuve que cette terre est, depuis des siècles et, espérons-le, pour des siècles encore, celle de la culture.
Est-il jamais venu à M. Donald Morrison, auteur de ce factum, l’idée de se promener dans le vestibule du Collège de France ou de nos universités pour y recueillir les «idées» qui y circulent et influenceront les arts de demain ?
Inculte Amérique ! allais-je m’écrier. Mais non. Les États-Unis comptent maints chercheurs, érudits, penseurs, créateurs qui sont du plus haut niveau. Seulement, ils n’écrivent pas dans Time.
Maurice Druon pour : http://www.lefigaro.fr/culture/2007/12/ ... morte-.php

L'académicien réagit à ceci
http://www.time.com/time/magazine/artic ... -1,00.html

Bon, quelque part cet article, on ne l'a pas volé et ce pour de multiples raisons.
La première étant sans doute notre mépris caractérisé à l'égard de la culture américaine et notre manière de la réduire immanquablement à Ronal MacDonald ou plus recemment, lors du voyage de Nicolas Sarkozy, à quelques cowboyeries d'usage.
Druon fait bien la distinction entre culture et divertissement, non que l'un soit supérieur à l'autre mais qu'ils procèdent de rythmes distincts, le premier n'étant pas soummis aux dicktats de la rentabilité d'une part et du même rapport au temps.
Les frontières sont parfois fluctuantes et un simple divertissement peut devenir une reference culturelle et inversement.

On peut par contre légitimement s'inquiéter du devenir de la création française, alors que Nicolas Sarkosy voue un culte maladif à la réussite tape-à-l'oeil et que, citant Camus, il embarque dans ces déplacements Didier Barbelivien (oui l'inverse étant peu probable...); le problème n'étant pas le chanteur lui même mais le peu de cas que ce président fait de l'art en général et de la création en particulier, création à laquelle le budget culturel ne s'adressera pas, ses déclarations récentes en témoignent.
Dadvsi en est l'illustration éclatante et Nicolas Sarkozy (dînant avec Chimène Badi au plus fort des grèves) reflète parfaitement le courant actuel assez préoccupant de mépris et de mise au ban des biens commun culturels et plus largement de l'animosité croissante orchestrée par le pouvoir et les grands médias à l'égard des élites intellectuelles et culturelles.
Le propos est une fois de plus habile car avançant mensongèrement que le divertissement de masse serait fédérateur et moins élitiste que le 'culturel'...alors que le divertissement dont il est question applique une ségrégation économique sans précédents avec des tarifs prohibitifs qui excluent de fait une bonne partie de la population.
On a jamais autant parlé d'art...gent !
Alors oui, le Time a sans doute enterré la culture française un peu vite mais on a quand même de sacrés croque-mort à la tête de lard

les liens ne fonctionnent plus dans le forum!!!!

D'accord et pas d'accord avec l'auteur.

D'accord que financer un système qui ne cautionne plus que des artistes issus de "télé-crochets" (pour rester poli) ne mérite pas que le peuple le finance avec ses impôts.

Pas d'accord, parce que c'est aussi ce système qui permet d'avoir encore une "culture française", notamment le cinéma qui profite largement du principe de subvention, parfois abusivement d'ailleurs.

Malgré tout je reste convaincu que l'état n'a pas à se mêler de culture. Celle-ci appartient à tout le monde et personne.

[floyd]

C'est vrai que l'on a certainement l'une des cultures les plus variées qui soit.
Raison de plus pour la protéger et ne pas laisser quelques-uns nous imposer leur vision des choses (ou leurs produits).

[pers]

Non.

Faux. Archi-faux.

La seule boulimie financière, elle se trouve du côté de gens qui ont déjà du pognon.

Si ta à toi ZEP avait quelques sous, c'était parce que les autorités locales (région, conseil général, mairie) avaient décidé de ne pas la laisser pourrir. La plupart des établissements scolaires en zones ZEP sont dans des situations bien plus dramatiques (je me souviens de ma mère, jeune prof arrivant dans une ZEP à Nanterre et demandant à la proviseur à quoi étaient consacrées les subventions : "C'est simple : pourquoi croyez-vous que vous n'avez QUE 32 élèves par classe ?")

Si l'on demande de l'argent à l'Etat, c'est parce que l'Etat est censé être garant de la cohésion sociale. Le seul point que nous avons tous en commun, qui nous amène à (sur)vivre ensemble, c'est justement cela : nous vivons en France, nous sommes membres du même corps social. Dès lors nous acceptons de déléguer à l'Etat la prise en charge de cette structure, de cette cohésion.

Les subventions qui coûtent des milliers d'euros, oui, alors bon on va pas trop s'appesantir là-dessus hein. Petits extraits du Canard d'avant-hier :

fin 2003, l'"ébouriffant Jean-Louis Borloo" claironne qu'il débloque 32 milliards d'euros (c'est en fait six milliards qui ont été prévus par l'État). À l'heure actuelle, seuls 560 millions ont été versés dans le cadre de ce plan.

En 2000, l'État s'engage dans un "contrat de plan État-Régions" censé durer jusqu'en 2006, pour désenclaver par les transports en commun les cités défavorisées. "Depuis, il a renié sa signature : la plupart des lignes de tramway, RER ou métro qui auraient dû être construites ou prolongées en Île de France sont restées dans les cartons. Ainsi des trams Epinay-Villetaneuse, Villejuif-Vélizy, Saint-Denis Gennevilliers ou l'extension en banlieue de plusieurs lignes de métro [...] Clichy-sous-Bois, lieu de départ des émeutes de 2005, n'a toujours pas vu la couleur des crédits destinés à financer les études préliminaires de son tramway."

Quant aux subventions pour la "culture", dans la mesure où elles ont tendance à aller plus facilement dans la poche de Michel Sardou que d'une troupe qui joue du Beckett (c'était le sens de mes propos de l'autre soir), je ne sais pas si on peut réellement appeler ça un "effort financier" de la part de l'État. À moins de faire jouer du Beckett par Sardou, auquel cas on devrait bien s'amuser.

(et au passage, les USA sont plutôt protestants que cathos hein... ce qui n'empêche pas l'intégrisme).

[floyd]

J'ai été dans un lycée en ZEP (E.Delacroix à Drancy, avant dernier lycée de France en réussite au bac)...

ils ont du très bon matos , des batiments toujours propres et refaient dès qu'il y a des dégradations.
Des "sorties" culturelles organisées, des associations (théatre, musique, etc...)

Ce qui est drole, c'est que tout le monde veut toujours plus d'argent de la part de l'état (y compris le Président et ses ministres).
Il y a une sorte de boulimie financière et un syndrome de caliméro grandissant en France.

J'étais dans un lycée en ZEP à Dreux, les bâtiments étaient très dégradés, l'équipement informatique aurait rappelé de vieux souvenirs à ma grand-mére et pourtant des deux lycées que j'ai connus, c'est de loin celui dont le niveau était le plus élevé.

L'autre lycée était un lycée "standard" !!!