Messagepar Berserk » mer. 10 mars 2010, 00:13
A mon avis, le discours qui est diffusé dans ce débat n'est pas à prendre à la légère, car on y retrouve mot pour mot la propagande du lobby des maisons de disque que les médias tournent en boucle depuis des mois. Ce serait bien d'y répondre calmement et sans mépris.
- La diabolisation d'Internet, des internautes et des pirates : Pirate Bay "néo-nazi" ?
La peur transpire dans ces propos. Cette peur de l'inconnu et de l'avenir technologique réduit les internautes à des pédophiles et à des conspirationnistes. Mais c'est oublier un peu vite qui sont les internautes, qui sont les pirates : des jeunes, des étudiants, des adolescents et des enfants, en grande majorité, que l'on voudrait faire passer pour des criminels. Les internautes sont seulement les utilisateurs de biens et de services vendus en toute légalité qui rendent possible le téléchargement dans le but de réaliser des profits. Les bénéfices des FAI sont colossaux et sont réalisés sur le téléchargement et le gratuit, qui sont leurs principaux arguments marketing, sans qu'ils soient jamais inquiétés par les défenseurs du droit d'auteur. Ceux-ci préfèrent taper sur les utilisateurs et les consommateurs, tout simplement parce qu'ils sont impuissants à enrayer une révolution technologique semblable à l'imprimerie.
- Internet tuerait l'Art, mais cet Art est il seulement encore vivant ?
Les maisons de disque ne défendent ni les artistes ni la qualité des productions artistiques, bien au contraire.
En se réunissant et en formant un consortium de 4 majors dominant toute la production et la diffusion, l'industrie musicale a détruit depuis bien longtemps ce qui restait de créativité contemporaine en étouffant la concurrence. Nous sommes dans une situation de monopole où les logiques industrielles, financières et commerciales régissent tout le processus de création, de A à Z, avec pour conséquence une réduction des catalogues, une dégradation de la qualité des œuvres diffusées, et une captation de la valeur artistique et de sa rémunération par des actionnaires et des intermédiaires.
Ce n'est pas Internet qui détruit l'Art, puisque cette destruction est bien antérieure au piratage et est inhérente à une exploitation des artistes inhumaine et dégradante. Être un artiste produit aujourd'hui, c'est être une pute qui accepte de se faire sodomiser pour devenir très riche grâce à son cul.
En pratiquant des prix trop élevés et en vendant des produits pauvres en qualité et en valeur ajoutée, l'industrie du disque a tué l'Art, a tué la musique, puisqu'elle a bloqué la diffusion des œuvres originales en la réduisant à quelques bouses commerciales. Les majors mentent lorsqu'elles disent ne plus pouvoir produire de nouveaux talents par manque d'argent.
Elles manquent simplement de courage artistique, parce que le poids de leurs structures est trop lourd pour leur permettre de s'écarter des sentiers battus et de prendre des risques. L'Art ne peut pas être rentable, c'est forcément un investissement personnel irrationnel à perte qui ne peut pas entrer dans un cadre rationnel et un objectif de profit. Dans notre société de consommation, la subversion ne peut pas être rentable sans être conforme.
- L'économie du gratuit, un modèle stupide ?
La gestion du patrimoine culturel de l'humanité ne peut pas être pérenne ni durable en dehors du domaine public.
La preuve nous en est donnée par les tubes des majors qui durent 2 mois puis vont à la poubelle.
Ces mêmes industries qui produisent de la merde en payant au lance-pierre une poignée de privilégiés n'hésitent pas à critiquer la qualité des œuvres diffusées sur Internet, qui serait le lieu de l'amateurisme et de l'hyper-consommation culturelle, alors qu'elles en sont responsables. C'est l'absence de vision et de courage de ces industries qui est la cause de notre pauvreté culturelle, puisqu'elles n'ont pas pu croire au potentiel d'Internet, n'ont pas investi dans ce nouveau média, et se plaignent qu'il se construise sans elles. Il ne faut pas s'étonner que très peu d'artistes aient été découverts grâce à Internet, étant donné que les majors en sont absentes et n'ont jamais cherché à utiliser ses potentialités de création individuelle et collective, de diffusion au plus grand nombre. En vérité nous assistons au chant du cygne, car les industries de production culturelle sont vraiment en train de mourir faute d'avoir réussi à s'adapter au monde moderne.
Entêtés, les lobbys culturels tentent par tous les moyens de tuer Internet, corruption des tribunaux, corruption de l'exécutif et du législatif, propagande médiatique, etc.
Or, ce que propose aujourd'hui Internet, ce sont justement des modes de distribution des rémunérations des artistes, de diffusion et de création alternatifs qui ne demandent qu'à éclore et sont empêchés par ce monopole autoritaire, injuste et auto-destructeur.