Olivier Soares Barbosa a écrit :L'argument d'autorité est définitivement à proscrire. On se contrefiche de savoir quels bouquins de sociologie tu as lu, Ploufplouf, si tu fais tiennes certaines des idées d'un certain auteur, tu les exposes de façon précise, et tu considères qu'elles seront peut-être remises en cause. Autrement on ne s'en occupera pas, et l'argument sera tout simplement considéré comme nul. Tu comprends bien que si on commence à se jeter des auteurs à la tête, on ne rentre pas dans le fond du débat et le résultat ne peut déboucher sur rien.
Pour le moment on ne peut que relever les erreurs simplificatrices de certaines de tes affirmations : opposition stricte des loisirs et du travail, confusion entre usage du corps et propriété du corps, location et achat ; ou le caractère péremptoire et indémontré de certaines autres : le client jouirait de la domination et non du corps lui-même
L'absence totale de prise en compte de la liberté ou de la nuisance que constitue pour les prostituées le fait de s'attaquer à leur clientèle.
Le refus de percevoir le moralisme pudibond d'une disposition tendant à assigner à la sexualité certaines bornes. Comment devra-t-on considérer par exemple, telle femme de lettres riche ou influente qui vit avec un petit jeune sans travail ou qui lui sert de secrétaire particulier ? Comment considérer le cas d'un client masochiste qui se fait dominer par une prostituée, ou inversement, le cas d'un homme dominateur qui entretient un rapport BDSM avec une femme soumise en dehors de toute relation prostitutionnelle, allant peut-être jusqu'à traiter cette femme comme un objet ou un animal et la livrant par exemple à d'autres hommes ?
La raison même pour laquelle vous vous opposez à la prostitution ne vous conduira-t-elle pas à légiférer aussi dans d'autres domaines de la sexualité pour des raisons voisines ?
Je suis plutôt d'accord avec ça, MAIS :
LPersonnellement, je vois plus la prostitution comme un symptôme que comme un problème. Un peu comme la drogue en fait. Oui, il y en a certainement qui le font par plaisir, ou du moins, sans que ça ne leur pose de problème. Mais qu'est ce qui fait qu'un garçon ou une fille se prostitue ?
Parfois l'appat du gain. Souvent, la nécessité de ce gain. Les dettes, le fait qu'un smic, ce n'est jamais qu'une vingtaine de passes et que, quitte à être traité comme de la viande, autant y aller à fond et se faire de la maille plutôt que de biper des articles pour un salaire de misère.
Ou, très souvent, les réseaux mafieux. Des pauvres femmes importées par un moyen ou un autre afin qu'un gros bonnet les exploite en échange d'une "protection", ou pour payer le passage sur le territoire.
Pourquoi les clients vont aux putes ? Par perversion, parfois. Par goût aussi, y'en a qui aiment bien l'acte de payer pour faire du sexe. Vu que y'en a qui aiment se mettre des pinces aux tétons, ça doit bien exister des gens qui aiment payer. Souvent, par misère sexuelle. Parce que bobonne refuse telle ou telle pratique, ou qu'elle s'est barrée, ou qu'elle n'a juste jamais existé parce que le futur client à du bide et la conversation d'un paillasson, alors il a du mal à séduire des demoiselles. Que deviendraient ces personnes si on leur enlevait cette possibilité ? Je n'ai pas les compétences pour le dire, mais comme pour le vol, je suis sur qu'il y a une corrélation directe entre la frustration et l'acte délictueux.
A quoi servirai d'interdire la prostitution ou à quoi servirait de l'encadrer si on ne traitait pas le mal à la racine ? Si on ne faisais pas en sorte que ces pauvres africaines puissent passer par autre chose que des maquereau pour tenter leur chance en France, et qu'elle ne risquaient pas l'expulsion en allant voir les flics ? Si on ne fait pas en sorte qu'il y ait d'autre moyens que de louer ses fesses pour avoir un revenu décent quand on est dans le caca, voire même tout le temps ?
C'est presque exactement le même problème qu'avec la drogue : tant que la seule alternative au deal ou à la prostitution sera de faire des sandwichs à la brioche dorée pour 1094 euros par mois (si on a la chance d'avoir un temps plein) pour toute une frange de la population, ni l'interdiction, ni la libéralisation ne traiteront le problème en profondeur.