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La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

kabizbak

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar kabizbak » ven. 01 juin 2012, 12:17

Pasmafaute a écrit :
kabizbak a écrit :On parle de la loi sur la burqa ici, c'est ça ?

tsk tsk... tu réfléchis encore avec tes poils et pas ton cerveau, toi ;)

Les deux mon capitaine. Mon cerveau est abolitionniste, mes poils quant à eux savent très bien qu'ils sont loin d'avoir fait le ménage économique nécessaire à ce que l'abolition ne soit pas qu'une oppression supplémentaire.

C'est pour ça que je parlais de la loi sur la burqa.

daniel
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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » ven. 01 juin 2012, 12:36

Pasmafaute a écrit :
ploufplouf a écrit :incroyable de voir comment les propos sont ici altérés : l'abolition de la prostitution n'est point le fait d'empecher de choisir d'être prostituer (ca c'est la prohibition), il s'agit d'affirmer l'interdiction pour une personne d'acheter le corps

Parler d'achat montre comment la formulation est biaisée. On peut prendre la chose par le bout qu'on veut, il n'y a certainement pas achat (sinon ce serait permanent et il faudrait parler d'esclavage). Si on se trompe sur des éléments aussi fondamentaux suite à des jugements de valeur, ça pourrait poser problème pour la suite.

La notion d'achat ou de vente n'est qu'une étiquette que l'homme donne à une situation sociale. Ces notions ne correspondent à rien de réel, c'est l'homme qui donne un sens à des évènements à droite et à gauche à sa guise. Et c'est grâce à ce sens que l'homme attribue à des événements d'une manière arbitraire que l'homme peut justifier n'importe quelle de ses décisions.

Pasmafaute a écrit :
d'un autre et bizarrement les réglementaristes ne veulent pas de cela. On revient au paradoxe que j'ai évoqué et qui ne sort pas du boule : l'abolition affirme que l'interdiction pour une personne d'en acheter une autre. Point barre. En aucun cas il ne vient réprimer celui qui vend son corps par choix.


Pour pratiquer cette interdiction les abolitionnistes doivent définir aussi ce qu'est un achat et une vente d'une personne. Bref, les abolitionnistes créent une construction sociale artificielle et ils décident de pratiquer une répression tout à fait réelle ( matérielle ) à partir des concepts qui n'existent que dans leur esprit. C'est la base du raisonnement social humain.

Pasmafaute a écrit :
La contrainte dans l'esclavage n'est point qu'une contrainte physique (encore une fois, il faut revoir un peu ces notions), la contrainte n'est pas forcément la lame de couteau.

Précisément, si. Si un esclave décide qu'il a piscine et qu'il insiste, il se prendra des baffes ou des coups de fouet pour lui expliquer que non, il n'a pas piscine. De Spartacus qui a fut crucifié à la traite des noirs, c'est une constante. Sans ça, il n'y a pas esclavage, ou bien tu en as une définition personnelle.

Eh non, toutes les contraintes sociales sont matérielles à la base. Quand un individu ne respecte pas les règles de la société elle réagit toujours physiquement à la fin. Et une contrainte sociale n'est réelle que si elle peut conduire à une réaction physique de la part de la société. Une dette n'est réelle que si un huissier peut débarquer avec la police chez le débiteur à la fin de la procédure. S'il n'y a pas de cette contrainte matérielle toute contrainte sociale n'est qu'une illusion. C'est pourquoi la dette de la Grèce n'est qu'une illusion car aucune armée ne menace la Grèce ...

La prostitution ne peut relever de l'esclavage que si la prostituée subit effectivement une violence physique en cas de refus de se prostituer. Un esclave qui peut s'en aller sans être menacé physiquement n'est pas un esclave. C'est plutôt un militaire peut être considéré comme esclave car il risque la prison en cas de désertion.

Pasmafaute a écrit :
« Ce n’est pas de moi qu’ils bandent, ça n’a jamais été de moi, c’est de ma putasserie, du fait que je suis là pour ça » (Nelly Arcand, Putain). Hé ce propos je l'entends sans cesse dans ma profession et bizarrement cela veut être écarter d'un revers de la main.

Mais c'est une évidence, il est question d'un rapport marchand, pas d'affection. Personne n'a dit le contraire.

C'est une interprétation erronée. Ce n'est pas le rapport marchand qui rend parfois la relation avec une prostituée excitante mais l'absence des contraintes imposées par la société dans cette relation. La société exerce une pression très forte et elle intervient d'une manière négative dans la sexualité des gens. En s'affranchissant de cette violence symbolique de la société certaines personnes peuvent améliorer la qualité de leur vie sexuelle . La prostitution peut permettre cet affranchissement mais ce phénomène ne se limite pas à la prostitution. Il y a d'autres contextes qui permettent cet affranchissement ou cette transgression avec des effets similaires, sur les hommes et les femmes à la fois.

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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar OSB » ven. 01 juin 2012, 13:24

L'argument d'autorité est définitivement à proscrire. On se contrefiche de savoir quels bouquins de sociologie tu as lu, Ploufplouf, si tu fais tiennes certaines des idées d'un certain auteur, tu les exposes de façon précise, et tu considères qu'elles seront peut-être remises en cause. Autrement on ne s'en occupera pas, et l'argument sera tout simplement considéré comme nul. Tu comprends bien que si on commence à se jeter des auteurs à la tête, on ne rentre pas dans le fond du débat et le résultat ne peut déboucher sur rien.

Pour le moment on ne peut que relever les erreurs simplificatrices de certaines de tes affirmations : opposition stricte des loisirs et du travail, confusion entre usage du corps et propriété du corps, location et achat ; ou le caractère péremptoire et indémontré de certaines autres : le client jouirait de la domination et non du corps lui-même

L'absence totale de prise en compte de la liberté ou de la nuisance que constitue pour les prostituées le fait de s'attaquer à leur clientèle.

Le refus de percevoir le moralisme pudibond d'une disposition tendant à assigner à la sexualité certaines bornes. Comment devra-t-on considérer par exemple, telle femme de lettres riche ou influente qui vit avec un petit jeune sans travail ou qui lui sert de secrétaire particulier ? Comment considérer le cas d'un client masochiste qui se fait dominer par une prostituée, ou inversement, le cas d'un homme dominateur qui entretient un rapport BDSM avec une femme soumise en dehors de toute relation prostitutionnelle, allant peut-être jusqu'à traiter cette femme comme un objet ou un animal et la livrant par exemple à d'autres hommes ?

La raison même pour laquelle vous vous opposez à la prostitution ne vous conduira-t-elle pas à légiférer aussi dans d'autres domaines de la sexualité pour des raisons voisines ?

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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » ven. 01 juin 2012, 13:47

Olivier Soares Barbosa a écrit :La raison même pour laquelle vous vous opposez à la prostitution ne vous conduira-t-elle pas à légiférer aussi dans d'autres domaines de la sexualité pour des raisons voisines ?

C'est le cœur du problème. Il y a certaines personnes qui veulent imposer leurs pensées aux autres par la force ( en légiférant par exemple ) et les autres qui veulent limiter ce comportement coercitif. Peu importe le sujet, c'est la même chose pour la prostitution, la drogue et la plupart des sujets politiques.

Quenelle
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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar Quenelle » ven. 01 juin 2012, 15:03

Olivier Soares Barbosa a écrit :L'argument d'autorité est définitivement à proscrire. On se contrefiche de savoir quels bouquins de sociologie tu as lu, Ploufplouf, si tu fais tiennes certaines des idées d'un certain auteur, tu les exposes de façon précise, et tu considères qu'elles seront peut-être remises en cause. Autrement on ne s'en occupera pas, et l'argument sera tout simplement considéré comme nul. Tu comprends bien que si on commence à se jeter des auteurs à la tête, on ne rentre pas dans le fond du débat et le résultat ne peut déboucher sur rien.

Pour le moment on ne peut que relever les erreurs simplificatrices de certaines de tes affirmations : opposition stricte des loisirs et du travail, confusion entre usage du corps et propriété du corps, location et achat ; ou le caractère péremptoire et indémontré de certaines autres : le client jouirait de la domination et non du corps lui-même

L'absence totale de prise en compte de la liberté ou de la nuisance que constitue pour les prostituées le fait de s'attaquer à leur clientèle.

Le refus de percevoir le moralisme pudibond d'une disposition tendant à assigner à la sexualité certaines bornes. Comment devra-t-on considérer par exemple, telle femme de lettres riche ou influente qui vit avec un petit jeune sans travail ou qui lui sert de secrétaire particulier ? Comment considérer le cas d'un client masochiste qui se fait dominer par une prostituée, ou inversement, le cas d'un homme dominateur qui entretient un rapport BDSM avec une femme soumise en dehors de toute relation prostitutionnelle, allant peut-être jusqu'à traiter cette femme comme un objet ou un animal et la livrant par exemple à d'autres hommes ?

La raison même pour laquelle vous vous opposez à la prostitution ne vous conduira-t-elle pas à légiférer aussi dans d'autres domaines de la sexualité pour des raisons voisines ?



Je suis plutôt d'accord avec ça, MAIS :

LPersonnellement, je vois plus la prostitution comme un symptôme que comme un problème. Un peu comme la drogue en fait. Oui, il y en a certainement qui le font par plaisir, ou du moins, sans que ça ne leur pose de problème. Mais qu'est ce qui fait qu'un garçon ou une fille se prostitue ?

Parfois l'appat du gain. Souvent, la nécessité de ce gain. Les dettes, le fait qu'un smic, ce n'est jamais qu'une vingtaine de passes et que, quitte à être traité comme de la viande, autant y aller à fond et se faire de la maille plutôt que de biper des articles pour un salaire de misère.

Ou, très souvent, les réseaux mafieux. Des pauvres femmes importées par un moyen ou un autre afin qu'un gros bonnet les exploite en échange d'une "protection", ou pour payer le passage sur le territoire.

Pourquoi les clients vont aux putes ? Par perversion, parfois. Par goût aussi, y'en a qui aiment bien l'acte de payer pour faire du sexe. Vu que y'en a qui aiment se mettre des pinces aux tétons, ça doit bien exister des gens qui aiment payer. Souvent, par misère sexuelle. Parce que bobonne refuse telle ou telle pratique, ou qu'elle s'est barrée, ou qu'elle n'a juste jamais existé parce que le futur client à du bide et la conversation d'un paillasson, alors il a du mal à séduire des demoiselles. Que deviendraient ces personnes si on leur enlevait cette possibilité ? Je n'ai pas les compétences pour le dire, mais comme pour le vol, je suis sur qu'il y a une corrélation directe entre la frustration et l'acte délictueux.

A quoi servirai d'interdire la prostitution ou à quoi servirait de l'encadrer si on ne traitait pas le mal à la racine ? Si on ne faisais pas en sorte que ces pauvres africaines puissent passer par autre chose que des maquereau pour tenter leur chance en France, et qu'elle ne risquaient pas l'expulsion en allant voir les flics ? Si on ne fait pas en sorte qu'il y ait d'autre moyens que de louer ses fesses pour avoir un revenu décent quand on est dans le caca, voire même tout le temps ?

C'est presque exactement le même problème qu'avec la drogue : tant que la seule alternative au deal ou à la prostitution sera de faire des sandwichs à la brioche dorée pour 1094 euros par mois (si on a la chance d'avoir un temps plein) pour toute une frange de la population, ni l'interdiction, ni la libéralisation ne traiteront le problème en profondeur.

kabizbak

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar kabizbak » ven. 01 juin 2012, 15:54

Olivier Soares Barbosa a écrit :La raison même pour laquelle vous vous opposez à la prostitution ne vous conduira-t-elle pas à légiférer aussi dans d'autres domaines de la sexualité pour des raisons voisines ?

C'est déjà le cas, et je suis même certain que vous soutenez certaines de ces dispositions légales. Le viol est prohibé. Pas par puritanisme, mais parce que la très grande majorité d'entre nous n'aimerait pas être violée.

Vous défendez la prostitution en la comparant à d'autres activités rémunératrices. On pourrait tout à fait considérer qu'être esclave est une activité rémunératrice, qu'en conséquence l'abolition de l'esclavage est une disposition légale liberticide, et laisser des individus se vendre à d'autres pour des durées indéterminées dans l'espoir de s'assurer toit et nourriture jusqu'à la fin de leur vie.

Il ne vous viendrait pas à l'idée de remettre en question l'abolition de l'esclavage, parce que le fonctionnement de la société permet à peu près de s'assurer d'un toit et de remplir son assiette sans avoir à se vendre définitivement à quelqu'un. Je pense que si le fonctionnement de la société était meilleur encore, remettre en cause l'abolition de la prostitution vous paraîtrait tout aussi absurde. Et que la morale, le puritanisme comme la pudibonderie n'auraient strictement rien à voir là-dedans.

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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » ven. 01 juin 2012, 15:58

kabizbak a écrit : On pourrait tout à fait considérer qu'être esclave est une activité rémunératrice, qu'en conséquence l'abolition de l'esclavage est une disposition légale liberticide, et laisser des individus se vendre à d'autres pour des durées indéterminées dans l'espoir de s'assurer toit et nourriture jusqu'à la fin de leur vie.

L'esclavage n'est pas une activité rémunératrice car un esclave n'a aucun droit, il ne peut réclamer aucune contrepartie. :mrgreen:

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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar OSB » ven. 01 juin 2012, 16:57

J'ai bien dit "pour des raisons voisines"... voir l'exemple que je donne sur des pratiques BDSM consenties, bien évidement pas sur le viol qui n'est pas consenti par définition. Mais je ne veux pas faire de procès d'intention à ploufplouf ni aux abolitionnistes, peut-être n'ont-ils pas d'autre objectif que de lutter contre les échanges de sexe contre argent... J'ai quelques doutes à la lecture des arguments produits, mais pourquoi pas.
En tout état de cause traquer les clients des prostituées libérales me semble supposer la mise en place de procédés d'intrusion dans la vie privée afin de savoir qui couche avec qui et qui reçoit quel argent de qui... procédés contre lesquels nous luttons par ailleurs. Acceptera-t-on qu'une police des moeurs soit habilitée à fouiller dans nos e-mails ou nos communications par portable ? Acceptera-t-on que les sites de rencontre sur Internet soient interdits ou que ceux qui s'y inscrivent déclinent leur identité et que les transactions financières qu'ils peuvent faire par ailleurs soient toutes surveillées ? Infiltrera-t-on les lieux de prostitution avec de fausses prostituées pour provoquer les clients potentiels et les prendre en flagrant délit devant des caméras de vidéosurveillance ? Poursuivra-t-on les prostituées pour non dénonciation ou pour complicité de délit ? Poursuivra-t-on libertins, artistes, auteurs littéraires pour incitation à la prostitution ? Tout ceci est dans la droite ligne des dérives sécuritaires que nous avons connues depuis ces dernières années et qui reposent sur l'idée que plus personne n'est responsable de ses choix de vie, et que tout le monde doit être protégé contre lui-même. Ce n'est pas de cette façon que je souhaite pour ma part voir la société évoluer.

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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » ven. 01 juin 2012, 17:19

Olivier Soares Barbosa a écrit :Tout ceci est dans la droite ligne des dérives sécuritaires que nous avons connues depuis ces dernières années et qui reposent sur l'idée que plus personne n'est responsable de ses choix de vie, et que tout le monde doit être protégé contre lui-même. Ce n'est pas de cette façon que je souhaite pour ma part voir la société évoluer.


Est-ce que ce principe pourrait être intégré dans la doctrine pirate comme un des principes fondateurs ?

C'est une idée originale qui ne fait pas partie de la doctrine des autres mouvements politiques et elle permet de se positionner dans beaucoup de domaines que les pirates ne traitent pas encore.

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Konwhald
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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar Konwhald » ven. 01 juin 2012, 17:27

daniel a écrit :
Olivier Soares Barbosa a écrit :Tout ceci est dans la droite ligne des dérives sécuritaires que nous avons connues depuis ces dernières années et qui reposent sur l'idée que plus personne n'est responsable de ses choix de vie, et que tout le monde doit être protégé contre lui-même. Ce n'est pas de cette façon que je souhaite pour ma part voir la société évoluer.


Est-ce que ce principe pourrait être intégré dans la doctrine pirate comme un des principes fondateurs ?

C'est une idée originale qui ne fait pas partie de la doctrine des autres mouvements politiques et elle permet de se positionner dans beaucoup de domaines que les pirates ne traitent pas encore.


Humm, ouais +1
Mais le discours securitaire est en vogue de nos jours...
Enfin, on veut une democratie, mais pas securitaire, hein, meme si les gens veulent :p non, excusez-moi, je trolle (sincerement, ignorez)

EDIT :
kabizbak a écrit :Il ne vous viendrait pas à l'idée de remettre en question l'abolition de l'esclavage, parce que le fonctionnement de la société permet à peu près de s'assurer d'un toit et de remplir son assiette sans avoir à se vendre définitivement à quelqu'un. Je pense que si le fonctionnement de la société était meilleur encore, remettre en cause l'abolition de la prostitution vous paraîtrait tout aussi absurde. Et que la morale, le puritanisme comme la pudibonderie n'auraient strictement rien à voir là-dedans.


Tu marques un point, aussi, là.
Très juste.
Dernière édition par Konwhald le ven. 01 juin 2012, 17:37, édité 1 fois.
http://i0.kym-cdn.com/photos/images/original/000/002/763/invalid.jpg
De toute façon, vous n'êtes tous que des libellules.
Voilà.

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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » ven. 01 juin 2012, 17:33

Konwhald a écrit :
daniel a écrit :
Olivier Soares Barbosa a écrit :Tout ceci est dans la droite ligne des dérives sécuritaires que nous avons connues depuis ces dernières années et qui reposent sur l'idée que plus personne n'est responsable de ses choix de vie, et que tout le monde doit être protégé contre lui-même. Ce n'est pas de cette façon que je souhaite pour ma part voir la société évoluer.


Est-ce que ce principe pourrait être intégré dans la doctrine pirate comme un des principes fondateurs ?

C'est une idée originale qui ne fait pas partie de la doctrine des autres mouvements politiques et elle permet de se positionner dans beaucoup de domaines que les pirates ne traitent pas encore.


Humm, ouais +1
Mais le discours securitaire est en vogue de nos jours...
Enfin, on veut une democratie, mais pas securitaire, hein, meme si les gens veulent :p non, excusez-moi, je trolle (sincerement, ignorez)

Je pense que la formulation d'Olivier est un élargissement ou un enrichissement naturel de la doctrine pirate.

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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar OSB » ven. 01 juin 2012, 17:45

Merci Daniel, Konwhald :D Je ne suis pas sûr que ce soit intégrable comme ça pour le moment. Il y aurait beaucoup à dire encore à partir de ça... Ce qui compte de mon point de vue pour le moment c'est de poursuivre tous ensemble une réflexion qui nous amène à élaborer petit à petit des principes qui nous distinguent des autres partis politiques et nous inscrivent en même temps dans une perspective moderne plus en rapport avec les problèmes du monde contemporain que ce qu'ils proposent eux. Je suis convaincu qu'on est sur la bonne voie et qu'on va intéresser de plus en plus les jeunes qui se retrouvent confrontés à un monde entièrement différent de celui où les générations au pouvoir sont encore perchées.

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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » ven. 01 juin 2012, 18:04

Olivier Soares Barbosa a écrit :Merci Daniel, Konwhald :D Je ne suis pas sûr que ce soit intégrable comme ça pour le moment. Il y aurait beaucoup à dire encore à partir de ça... Ce qui compte de mon point de vue pour le moment c'est de poursuivre tous ensemble une réflexion qui nous amène à élaborer petit à petit des principes qui nous distinguent des autres partis politiques et nous inscrivent en même temps dans une perspective moderne plus en rapport avec les problèmes du monde contemporain que ce qu'ils proposent eux. Je suis convaincu qu'on est sur la bonne voie et qu'on va intéresser de plus en plus les jeunes qui se retrouvent confrontés à un monde entièrement différent de celui où les générations au pouvoir sont encore perchées.

Dans le même ordre d'idées on peut considérer que la propriété intellectuelle est une introduction des méthodes coercitives dans un domaine où les méthodes coercitives ne sont pas inévitables ou même leur application n'est pas habituelle. C'est toujours la question des attitudes coercitives qui est cœur du sujet.

Je pense que l'on pourrait développer une doctrine cohérente autour des concepts de coercition et de liberté qui engloberait l'essentiel de la doctrine pirate actuelle et qui permettrait en faire une doctrine politique complète capable de rivaliser avec les autres doctrines.

kabizbak

Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar kabizbak » ven. 01 juin 2012, 18:26

daniel a écrit :L'esclavage n'est pas une activité rémunératrice car un esclave n'a aucun droit, il ne peut réclamer aucune contrepartie. :mrgreen:

On pourrait très bien redéfinir les statuts de l'esclave, de sorte qu'il soit protégé des mauvais traitements, que son logement comme son alimentation soient garantis par la loi. Bref... tu vois très bien ce que j'ai voulu dire, mais tu es taquin. :mrgreen:

Olivier Soares Barbosa a écrit :J'ai bien dit "pour des raisons voisines"... voir l'exemple que je donne sur des pratiques BDSM consenties, bien évidement pas sur le viol qui n'est pas consenti par définition.

Mais c'est bien pour des raisons voisines que le viol et la prostitution ne sont pas autorisé. C'est pour en limiter les cas.

Imaginons que j'ai envie d'être violé, et que je demande de changer la législation pour avoir plus de chance de l'être. Si la loi est changée pour me permettre de ne plus souffrir de ma frustration, j'aurais plus de chance d'être violé, mais ceux qui n'en ont aucune envie aussi.

Mais allons plus loin. Je ne veux plus être violé, et je ne veux pas me prostituer en profession libérale, non. Je suis employé de bureau et je veux pouvoir pratiquer des actes sexuels dans le cadre de mon travail salarié. Qu'est-ce qu'impliquerait le fait que j'obtienne gain de cause et que la loi se décide à me le permettre ? Que chaque autre salarié puisse se voir demander de faire la même chose.

Olivier Soares Barbosa a écrit : Mais je ne veux pas faire de procès d'intention à ploufplouf ni aux abolitionnistes, peut-être n'ont-ils pas d'autre objectif que de lutter contre les échanges de sexe contre argent... J'ai quelques doutes à la lecture des arguments produits, mais pourquoi pas.

Vous cherchez une raison, des arguments rationnels, et la plupart de vos opposants tenteront de vous en donner, en s'abimant à donner de bien pathétiques sermons moraux, alors que le motif en l'occurrence n'a rien de rationnel mais est d'ordre sensible. Je n'ai pas envie d'être violé et je n'ai pas envie d'avoir à me prostituer, parce que les sensations que j'aurais alors à ressentir seraient des plus désagréables. Et comme je n'ai aucune envie d'avoir à vivre ces situations, je suis heureux de savoir que la loi tente de limiter la probabilité que j'y sois contraint.

Olivier Soares Barbosa a écrit :En tout état de cause traquer les clients des prostituées libérales me semble supposer la mise en place de procédés d'intrusion dans la vie privée afin de savoir qui couche avec qui et qui reçoit quel argent de qui... procédés contre lesquels nous luttons par ailleurs. Acceptera-t-on qu'une police des moeurs soit habilitée à fouiller dans nos e-mails ou nos communications par portable ? Acceptera-t-on que les sites de rencontre sur Internet soient interdits ou que ceux qui s'y inscrivent déclinent leur identité et que les transactions financières qu'ils peuvent faire par ailleurs soient toutes surveillées ? Infiltrera-t-on les lieux de prostitution avec de fausses prostituées pour provoquer les clients potentiels et les prendre en flagrant délit devant des caméras de vidéosurveillance ? Poursuivra-t-on les prostituées pour non dénonciation ou pour complicité de délit ? Poursuivra-t-on libertins, artistes, auteurs littéraires pour incitation à la prostitution ? Tout ceci est dans la droite ligne des dérives sécuritaires que nous avons connues depuis ces dernières années et qui reposent sur l'idée que plus personne n'est responsable de ses choix de vie, et que tout le monde doit être protégé contre lui-même. Ce n'est pas de cette façon que je souhaite pour ma part voir la société évoluer.

Je suis d'accord avec tout ce que vous dites ici. Et pourtant je reste partisan de l'abolition de la prostitution, non pour protéger les prostitués, mais pour ME protéger. Cependant, cette mesure a été votée trop tôt, et je suis pour sa mise en moratoire. Mais dès que possible, ré-abolissons la prostitution. Suis-je plus clair ?

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Re: La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…

Messagepar daniel » ven. 01 juin 2012, 18:50

kabizbak a écrit :
daniel a écrit :L'esclavage n'est pas une activité rémunératrice car un esclave n'a aucun droit, il ne peut réclamer aucune contrepartie. :mrgreen:

On pourrait très bien redéfinir les statuts de l'esclave, de sorte qu'il soit protégé des mauvais traitements, que son logement comme son alimentation soient garantis par la loi. Bref... tu vois très bien ce que j'ai voulu dire, mais tu es taquin. :mrgreen:

La notion de l'esclavage est claire : un esclave est une chose et il n'est pas un sujet de droit. Il ne peut pas protester contre un mauvais traitement. Et s'il n'a pas le droit de protester on ne peut pas améliorer sa condition par la législation. Et s'il peut protester il ne s'agit plus de l'esclavage mais du servage.

La différence avec l'esclavage provient du statut juridique du serf, qui jouit d'une personnalité juridique.

De ce fait, le serf n'est juridiquement pas considéré comme une « chose », un « bien meuble », mais comme une « personne », liée par un contrat (obligation) à une autre personne.

kabizbak a écrit :Vous cherchez une raison, des arguments rationnels, et la plupart de vos opposants tenteront de vous en donner, en s'abimant à donner de bien pathétiques sermons moraux, alors que le motif en l'occurrence n'a rien de rationnel mais est d'ordre sensible. Je n'ai pas envie d'être violé et je n'ai pas envie d'avoir à me prostituer, parce que les sensations que j'aurais alors à ressentir seraient des plus désagréables. Et comme je n'ai aucune envie d'avoir à vivre ces situations, je suis heureux de savoir que la loi tente de limiter la probabilité que j'y sois contraint.

On dirait que tu confonds deux sens de la phrase "je ne dois pas". Cette phrase peut dire à la fois "je ne suis pas obligé de faire" et "je suis obligé de ne pas faire". La langue anglaise distingue ces deux sens avec "I mustn't" et "I needn't". Personne ne t'oblige à te prostituer, tu as juste le droit de le faire si tu en décides ainsi.

Je veux une société basée sur "you needn't" et pas sur "you mustn't".

kabizbak a écrit :Je suis d'accord avec tout ce que vous dites ici. Et pourtant je reste partisan de l'abolition de la prostitution, non pour protéger les prostitués, mais pour ME protéger. Cependant, cette mesure a été votée trop tôt, et je suis pour sa mise en moratoire. Mais dès que possible, ré-abolissons la prostitution. Suis-je plus clair ?

Tu n'es pas contraint de te prostituer donc tu n'as besoin d'aucune protection supplémentaire. C'est la mauvaise foi de ta part, l'abolition de la prostitution ne change strictement rien pour ceux qui ne veulent pas y participer.


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