kabizbak a écrit :Olivier Soares Barbosa a écrit :La raison même pour laquelle vous vous opposez à la prostitution ne vous conduira-t-elle pas à légiférer aussi dans d'autres domaines de la sexualité pour des raisons voisines ?
C'est déjà le cas, et je suis même certain que vous soutenez certaines de ces dispositions légales. Le viol est prohibé. Pas par puritanisme, mais parce que la très grande majorité d'entre nous n'aimerait pas être violée.
Non, ce que voudrait la très grand majorité n'a pas grand chose à voir là-dedans (sinon au hasard les clubs soda-masochistes auraient été interdits). La raison de l'interdiction du viol tient au fait qu'il n'y a pas consentement mutuel.
Vous défendez la prostitution en la comparant à d'autres activités rémunératrices.
En ce qui me concerne, la comparaison avec d'autres activités rémunératrices est secondaire (j'ai du mal à considérer que c'est une activité comme une autre, mais ça, c'est mon problème). Le point crucial est que chacun doit être libre de faire ce qu'il veut tant que ça ne nuit pas à autrui, même ça ne plaît pas ou ça contrevient aux valeurs de cet autrui en question.
Il ne vous viendrait pas à l'idée de remettre en question l'abolition de l'esclavage, parce que le fonctionnement de la société permet à peu près de s'assurer d'un toit et de remplir son assiette sans avoir à se vendre définitivement à quelqu'un. Je pense que si le fonctionnement de la société était meilleur encore, remettre en cause l'abolition de la prostitution vous paraîtrait tout aussi absurde. Et que la morale, le puritanisme comme la pudibonderie n'auraient strictement rien à voir là-dedans.
Un esclave l'est tant que son maître n'en décide pas autrement, il n'a *pas* le choix de dire a tchao bonsoir sinon il n'est précisément pas esclave. Tant qu'un ou une prostituée a la possibilité réelle de dire qu'elle raccroche, la comparaison devient tout simplement inopérante. Donc en ce qui me concerne, le point névralgique se situe là : il faut donner la possibilité concrète à celles qui veulent ne pas avoir à se prostituer ou arrêter de le faire de passer à autre chose, sans oublier le droit de s'organiser pour défendre leurs droits. A partir de là, discuter d'une abolition devient une pure question de morale parce qu'il s'agit d'expliquer à celles qui voudraient continuer à le faire pour une raison ou une autre que non, ça doit être interdit parce que ça véhicule des valeurs contraires à celles qui me tiennent à cœur (au hasard, persistance de rapports de domination capitalistes/patriarcales/néolibérales). Et mon désaccord avec les abolitionnistes se situe aussi là : avoir des valeurs, c'est bien, chercher à les imposer, ça l'est moins. Chacun doit pouvoir faire ce qu'il veut tant que ça ne nuit pas autrui, même si l'autrui en question n'en comprend pas la raison ou trouve que c'est révoltant et te cite moult auteurs à l'appui de son point de vue.
Olivier Soares Barbosa a écrit :Tout ceci est dans la droite ligne des dérives sécuritaires que nous avons connues depuis ces dernières années et qui reposent sur l'idée que plus personne n'est responsable de ses choix de vie, et que tout le monde doit être protégé contre lui-même. Ce n'est pas de cette façon que je souhaite pour ma part voir la société évoluer.
J'aurais aimé être capable de le dire aussi clairement.